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lilly et ses livres

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9 novembre 2008

Le jardin de ciment ; Ian McEwan

51lZiuMXuUL__SL500_AA240_Points ; 174 pages.
Traduction de Claire Malroux. 1978.
Titre Original : The cement garden.

J'ai acheté On Chesil beach il y a quelques semaines, mais il se trouve que je ne l'avais pas sur moi lors d'un récent voyage en train. De ce fait, je me suis décidée à choisir ce titre de Ian McEwan qui me semblait assez peu attirant jusque là.

Quand leur mère meurt, quatre enfants qui ont déjà perdu leur père, la placent dans une cantine de la cave et la recouvrent de ciment. Ils ont peur d'être séparés si quelqu'un découvre leur situation. Comme l'été a commencé, et que les enfants sont en vacances, personne ne s'aperçoit de la situation, d'autant plus que la maison dans laquelle ils vivent est isolée.

Le jardin de ciment est le troisième roman de Ian McEwan que je lis, et même s'il n'a pas un rebondissement final aussi incroyable que dans Expiation ou Amsterdam, l'auteur avait de toute évidence décidé dès son premier roman que c'était lui qui mènerait la danse.
C'est vraiment glauque. D'ailleurs je pense que c'est le livre le plus glauque que j'ai jamais lu. Pendant tout le début du livre, je me suis sentie de plus en plus mal à l'aise. Sauf que c'est tellement glauque que ça en devient comique. En cela, Le jardin de ciment m'a beaucoup fait penser à Tandis que j'agonise. D'autant plus que là aussi nous sommes en présence d'une fratrie dont les membres sont un peu étranges, mais s'aiment profondément. Du coup, ils sont à la fois repoussants et extrêmement attachants. Comme d'habitude avec McEwan, j'ai été incapable de lâcher les personnages, j'ai tourné les pages avec avidité, et j'en suis même arrivée à souhaiter qu'on les laisse tranquilles. Situation assez incroyable quand on y réfléchit deux minutes, tellement Derek a raison de trouver cette histoire malsaine, entre la mère encastrée dans du ciment (j'ai cru vomir quand Jack s'approche de la fente du ciment abîmé), Tom qui s'habille en fille et se prend pour un bébé, et l'inceste menaçant. Le problème est que les alternatives à cette existence sont celles qui paraissent absurdes.

Bref, encore un chef d'oeuvre à rajouter au crédit de Ian McEwan.

Les avis de Lily, Florinette, Yueyin, et Thom.

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7 novembre 2008

La dame en blanc ; Wilkie Collins

resize_5_Le Masque ; 476 pages.
Traduction de L. Lenoir. 1860.
Titre Original : The Woman in White.

J'ai conscience de m'exposer à des représailles sévères avec la rédaction de ce billet, mais tant pis. La Dame en blanc était un livre qui avait tout pour me plaire, Wilkie Collins un auteur dont j'avais pu apprécier la plume, et Céline, qui partage souvent mes goûts, avait été soufflée par ce roman. Après cette lecture, je suis perplexe. J'ai même attendu quelques jours pour voir si mon avis bougeait, mais non...

Walter Hartright, un jeune professeur de dessin, rencontre à la veille de son départ chez deux nouvelles élèves, une étrange femme vêtue de blanc. Celle-ci est effrayée, et le quitte après avoir obtenu son aide. Il apprend un peu plus tard dans la soirée que la dame en blanc s'est échappée d'un asile.
Arrivé chez Mr Fairlie, l'oncle de l'une de ses deux élèves, il rencontre Marian Halcombe, soeur aînée bienveillante de Miss Fairlie, qui devient vite une amie et une alliée. Quand il voit Laura Fairlie, il en tombe amoureux. Mais celle-ci ressemble étrangement à la dame en blanc qu'il a croisée à Londres.

Côté défauts, j'ai trouvé que ce livre avait un côté profondément gnangnan. Ca peut sembler étrange pour quelqu'un qui a trouvé l'héroïne de Les mystères d'Udolphe attachante, mais cette Laura, je l'aurais étranglée avec sa bonté stupide et ses états d'âme exaspérants. Elle plonge la tête la première dans son malheur, et le seul moment où j'ai eu une (fausse) joie la concernant, c'est lorsqu'elle se rend à Londres chez son oncle. L'antipathie profonde que j'ai éprouvé pour ce personnage joue certainement beaucoup dans mon appréciation finale d'ailleurs.
Autre chose qui m'a gênée, le côté brouillon du livre. Certaines parties sont excellentes, d'autres arrivent beaucoup trop vite, et bonjour les situations invraisemblables (ce n'est pas un procédé nouveau, certes) ! Franchement, le coup du type qui enferme une jeune fille, puis décide d'épouser le sosie de cette dernière (comme si c'était la seule cruche du pays qu'il puisse trouver), ça m'a beaucoup fait rigoler. J'ai globalement lu ce livre avec avidité, Wilkie Collins n'est pas considéré comme un maître du suspens pour rien, mais les révélations et la résolution des problèmes m'ont déçue.
Là où Wilkie Collins est excellent, c'est pour dresser les portraits des méchants. L'ambiance est malsaine, et j'ai beaucoup pensé à Mary Elizabeth Braddon sur ce point. On enrage devant le comportement du comte, qui se joue non seulement de Marian mais aussi de nous. Ce personnage est fouillé, sa personnalité n'est jamais dévoilée, et Wilkie Collins laisse planer le doute sur la présence d'une quelconque bonté chez cet homme. Sir Percival est profondément antipathique, mais il se révèle davantage manipulé qu'autre chose. J'avais presque pitié pour lui à la fin. Leurs actions, très habiles, accentuent encore plus la complexité de leur caratère. 

Sacrée déception donc. J'ai encore un livre de cet auteur en stock, donc je relirai sûrement Wilkie Collins, mais ça ne sera pas pour tout de suite.

1 novembre 2008

Stolen ; Kelley Armstrong

13705842_1_480 pages ; Plume Books.
V.F. : Capture. 2002.

Cet été, j'ai fait la connaissance d'Elena, la seule femme loup-garou, et puis surtout de son fiancé, l'irrésistible Clay. Le premier tome de la série Women of the Otherworld m'avait d'ailleurs tellement charmée que je me suis procuré immédiatement les trois tomes suivants. J'ai très vite commencé Stolen, mais comme d'habitude quand je passe trop de temps avec des personnages, je finis par vouloir souffler un peu avant de les retrouver (sauf cas particuliers bien sûr).
Après ma lecture de Thomas Hardy, j'avais envie de lire quelque chose de léger, alors je l'ai repris.

On y retrouve Elena, Clay et Jeremy, mais aussi de nouveaux être surnaturels, comme les sorcières Ruth et Paige, ou le demi-démon Adam (qui possède lui aussi un charisme indéniable). Ruth et Paige ont pris contact avec Elena, qui ignorait jusque là l'existence d'autres créatures surnaturelles, parce qu'elles ont appris que des individus capturent ces dernières. Après une réunion au sommet, alors qu'elle a encore voulu faire un jeu stupide avec Clay, Elena se fait attraper, emmener dans un centre plein de gens comme elle, et enfermer dans une cellule.

J'ai bien aimé ce tome, mais vraiment sans plus. C'est très long, plein d'invraisemblances (la transformation de Bauer se déroule étonnamment vite), et si j'avais très envie qu'Elena s'échappe enfin, c'était surtout parce que ça tourne beaucoup en rond dans le centre où elle est enfermée. Elle n'y reste pas longtemps, mais nous avons droit à tous les détails.
A l'inverse, certains personnages, comme Adam, Ruth, ou même Savannah, sont très peu développés. Pour ceux qui le peuvent, ils seront sans doute davantage mis en avant dans les prochains tomes, mais il n'empêche que je suis restée sur ma faim à certains moments quand d'autres me paraissaient interminables.
Alors, pourquoi est-ce que je dis que j'ai quand même aimé ? D'abord, Clay. Je sais que c'est un argument qui peut paraître discutable, mais allez voir l'avis de Karine, elle insiste encore plus sur ce point.
Ensuite, Elena a vraiment le don de croquer les situations dans lesquelles elle se retrouve avec beaucoup d'humour. Je ne trouve pas que Kelley Armstrong écrive particulièrement bien, mais au moins elle sait donner un ton extrêmement agréable à son histoire. Clay (encore lui) est toujours aussi impossible, et les échanges entre Paige et Adam sont tout aussi délicieux (surtout quand ils menacent de changer l'autre en crapaud ou de le réduire en poussière).
En fait, Stolen reste un très bon divertissement malgré les longueurs, et je pense que je lirai les tomes suivants (d'autant plus que c'est Paige qui en est la narratrice). Mais ce n'est pas le livre du siècle. 

Les avis de Bladelire et Stéphanie.

31 octobre 2008

Un Challenge ABC Classique pour 2009

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J'entends d'ici les mauvaises langues me dire que je n'ai jamais tenu le moindre de mes engagements en la matière, mais tant pis. Il se murmurait sur la blogosphère que 2009 serait l'année des classiques, et je m'en réjouissais d'avance. J'ai l'impression que ce ne sera pas le cas, mais je vais pour ma part tenter de lire 26 livres que j'estime être des classiques...
Ma liste n'est pas terminée (vos idées sont les bienvenues), et je suis à peu près certaine qu'il y aura des changements effectués au cours de l'année. Je ne les lirai pas tous, mais j'espère bien faire de belles découvertes et dépoussiérer des livres que je possède depuis parfois plusieurs années.
Personne n'est tenté, même par une liste réduite ?

A- Arnim Elizabeth (von) ; Avril enchanté.
B- Balzac Honoré (de) ; Le Père Goriot.
C- Carroll Lewis ; Alice au Pays des Merveilles. 
D- Dickens Charles ; A tale of two cities.
E- Eliot George ; Middlemarch.
F- Forster E.M. ; Route des Indes.
G- Golding William ; Lord of the Flies.
H- Hawthorne Nathaniel ; La Maison aux sept pignons.
I- Ishiguro Kazuo ; Lumière pâle sur les collines.
J- James Henry ; Le Tour d'écrou.
K- Kafka Franz ; La métamorphose.
L- Lawrence David H. ; L'étalon.
M-Maupassant Guy (de) ; Une vie. 
N- Nabokov Vladimir ; Lolita.
O- Orwell George ; Nineteen-Eighty-Four.
P- Pouchkine Alexandre ; La fille du capitaine.
Q- Queneau Raymond ; On est toujours trop bon avec les femmes.
R-  Pas de "R", donc Selby Hubert ; Last Exit to Brooklyn.
S- Stevenson Robert L. ; Le Maître de Ballantrae.
T- Thackeray W.M. ; Ivanhoé à la rescousse !
U- Updike John ; Jour de fête à l'hospice.
V- Vian Boris ; Elles se rendent pas compte.
W- Wharton Edith ; Eté.
X- Pas de "X", donc Peake Mervyn ; Titus d'Enfer.
Y- Pas de "Y", donc Du Maurier Daphné ; Le général du Roi.
Z- Zweig Stefan ; Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme.

Tableau : La liseuse, Fragonard.

28 octobre 2008

Far from the madding crowd ; Thomas Hardy

1853260673_1_Wordsworth Classics ; 362 pages.
V.F. : Loin de la foule déchaînée. 1874.

Je disais il y a quelques jours que j'avais de Dickens l'image d'un auteur déprimant. C'est encore pire en ce qui concerne Thomas Hardy. Sauf qu'ici, j'ai quelques raisons de nourrir des préjugés contre cette auteur. Je connais vaguement les trames de Tess d'Uberville et de Jude l'Obscur, donc je sais que ça va très très mal pour les personnages.
Cela dit, ce n'est pas du tout la raison pour laquelle j'ai mis un peu de temps à achever ma lecture de Far from the madding crowd.

Ce n'est pas un livre très rigolo certes, mais en fait j'ai seulement eu un blocage avec les premières dizaines de pages. Bethsheba Everdene est une jeune femme née pour tourmenter bien des hommes, comme l'annonce son seul prénom. Le premier d'entre eux est le fermier Gabriel Oak, qui voit sa demande en mariage repoussée peu avant de perdre la totalité de ses brebis. Ruiné, il se retrouve par une ironie du sort au service de Miss Everdene, qui vient d'hériter des propriétés de son oncle. Le second est William Bolwood, un autre fermier qui, suite à un concours de circonstances, devient dangereusement passionné à l'égard de Bethsheba. Le dernier sera le sergent Troy, déjà fiancé à une jeune fille de basse extraction.

Dans ce roman, Thomas Hardy nous présente les différents types d'amour, en créant des personnages qui vivent tous différemment leur découverte de ce sentiment. Comme aucun n'est sur la même longueur d'ondes que les autres, ils s'entrechoquent et se brisent dès lors qu'ils entrent en contact. Pour certains, ce sera fatal. La mort de celle qui était trop naïve, trop dévouée, est bouleversante. Aucun personnage, à part Gabriel Oak, ne parvient à maîtriser ses émotions, et c'est ce qui rend un personnage comme le sergent Troy touchant. J'ai trouvé le passage où les fleurs plantées sur la tombe de celle qu'il a aimée sont éparpillées par le mauvais temps très beau et très triste. Oui, parce que si je savais que Far from the madding crowd n'était pas aussi plombant que d'autres livres de Thomas Hardy, la tragédie est tout de même là.
Au-delà des intrigues amoureuses, il est aussi question de la place de la femme dans la petite société rurale d'un Wessex imaginaire. Bethsheba sait ce qu'elle veut quand il ne s'agit pas d'amour. Elle n'est pas mariée durant la plus grande partie du roman, et est parfaitement déterminée à jouer son rôle de petite propriétaire terrienne, et à s'impliquer dans ses affaires. Les hommes qui travaillent pour elle sont davantage paternalistes que tentés d'exprimer un quelconque mécontentement, mais on sent très vite qu'elle a conscience de devoir démontrer que c'est elle qui commande. A plusieurs reprises d'ailleurs, elle réfléchit au genre de femme qu'elle est et à celui qu'elle ne veut pas être.
Il m'a fallu une quarantaine de pages avant de m'installer dans cette histoire. Je crois que je n'avais jamais lu un roman de cette époque qui adopte le point de vue de personnages ruraux qui n'ont pas une grande place sur l'échelle sociale anglaise de la fin du XIXe siècle, et cela m'a un peu surprise. Mais on s'habitue vite à leurs manières et à leur façon de parler. Il n'est pas toujours facile de s'identifier aux personnages, mais je crois que ce roman est de ceux qui marquent. Si vous avez des titres de cet auteur qui ne risquent pas trop de me faire sombrer dans la dépression à me conseiller, je suis preneuse !

 

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26 octobre 2008

Les Grandes Espérances ; Charles Dickens

32388_1_Folio ; 741 pages.
Traduction de Sylvère Monod. 1861.
VO : Great Expectations.

Petite, j'ai découvert l'univers de Dickens avec la version Disney de Un chant de Noël, puis avec une version animée d'Oliver Twist, que j'ai visionnée un nombre incalculable de fois. Je crois même que j'ai lu une version abrégée de David Coperfield. Je garde un très bon souvenir de ces expériences, mais pourtant je me suis toujours enfermée dans l'idée que Dickens était un auteur déprimant. Seulement, il se trouve qu'une de mes profs nous a vivement conseillé de lire des classiques du XIXe. Tâche absolument terrifiante quand on me connaît...
Bref, du coup j'ai dressé un inventaire des romans concernés que j'avais en stock, ce qui m'a amenée à déterrer ce livre que j'avais acheté après avoir dévoré La Foire aux Vanités de W.M. Thackeray (que je me permets de vous conseiller une nouvelle fois).

L'histoire est celle de l'apprentissage de la vie de Pip, un petit garçon élevé "à la cuillère" par une soeur très rude et le généreux mari de celle-ci, Joe. Alors qu'il n'a que sept ans, il rencontre un forçat qui lui demande de l'aide en le menaçant. Très vite, le mystérieux homme est rattrapé et remis en prison.
Un peu après, Pip est invité chez Melle Havisham, une vieille dame brisée, qui n'a pas quitté les reliques de son mariage avortée des années auparavant. Il y rencontre Estella, la fille adoptive de Melle Havisham, dont il tombe amoureux, mais qui n'a été formée qu'à dédaigner les hommes.
La vie de Pip bascule finalement lorsqu'il apprend qu'un bienfaiteur a mis de l'argent à sa disposition pour qu'il devienne un gentleman. Il quitte donc Joe et sa soeur pour mener une vie à la fois à Londres et chez son tuteur, qui se trouve être un parent de Miss Havisham.   

Je crois que j'avais oublié à quel point certains classiques sont légers. J'ai eu un certain nombre de coups de coeur ces dernières semaines, et au moins deux romans font désormais partie de mes incontournables, mais la plupart n'étaient pas franchement réjouissants. Ici non plus les choses ne sont pas faciles, ne vous méprenez pas. Mais cela n'empêche pas le roman d'être rempli d'humour. J'ai tout simplement adoré la façon dont Dickens nous présente les choses de façon à rendre des situations embarrassantes cocasses. Dès le premier chapitre par exemple, Pip est brutalisé par son forçat qui lui met la tête en bas, et lui fait ainsi voir son village à l'envers. Au lieu de dire que Pip est finalement reposé, Dickens écrit : "Quand l'église revint à elle..." J'imagine que dit comme cela, c'est difficile de voir ce qu'il y a d'amusant là-dedans, mais je vous assure que je me suis délectée de toutes les scènes de ce genre. Je pourrais dire de même des scènes où les personnages répètent plusieurs fois la même chose, et (encore des méchancetés à l'égard de ce pauvre homme) des scènes où Joe tente de faire des manières.
J'aime les romans où les personnages sont complexes, et difficile à détester même s'ils sont parfois odieux. Miss Havisham en est un très bon exemple. Ses projets sont diaboliques, c'est une femme amère voire cruelle, mais sa perspicacité à l'égard des vautours qui rodent autour d'elle et ses blessures la rendent attachante. A l'inverse, un Joe pourtant incroyablement généreux et sympathique toute la première partie du livre, devient lassant.
Ceci d'autant plus que c'est Pip qui nous raconte l'histoire, et que Dickens tend à nous démontrer à travers ce personnage à quel point on peut creuser un gouffre entre soi et les personnes que l'on aime vraiment sans rien faire pour l'empêcher.
Il y a quelque chose d'enfantin dans ce roman. Je ne sais pas si c'est parce que le héros est encore un petit garçon lorsque débute l'histoire, mais malgré certaines scènes, je trouve que l'univers dans lequel nous sommes plongés a un côté merveilleux. La maison de Miss Havisham et le Château de Wemmick (sans parler de son mariage) sont de bons exemples de ce que je veux dire.

J'ai bien conscience que mon billet n'est pas du tout à la hauteur du livre, que je pense conserver pour les moments où j'aurai envie de revoir le petit Pip.

21 octobre 2008

Bartleby le scribe ; Herman Melville

31zk1fU3iPLAmsterdam ; 155 pages.

J'ai lu cette nouvelle après avoir lu le billet de Sylvie, qui m'a fait découvrir que Melville a écrit d'autres textes que le terrifiant Moby Dick. Céline avait écrit un billet formidable (pour changer) à propos de ce dernier, mais je ne suis pas encore totalement convaincue que la chasse à la baleine soit faite pour moi. D'ailleurs, Le vieil homme et la mer n'est pas près de quitter l'étagère sur laquelle il prend la poussière pour des raisons assez semblables.

Mais revenons-en à Bartleby. L'intrigue est en fait assez simple. Le narrateur, un homme plutôt calme, a un don certain pour choisir les scribes qui travaillent pour lui. Dindon est un Anglais qui change de couleur après midi. Lapince ne sait pas ce qu'il veut, et n'est pas franchement du matin. Et Gingembre, le gamin de douze ans, sert davantage à rapporter à ses collègues les biscuits qui lui donnent son surnom, qu'il ne fait son apprentissage du droit.
Un jour, l'activité augmentant, un nouveau scribe se présente, un certain Bartleby. Son patron croit alors avoir déniché une perle rare. Bartleby, malgré son air déprimé, semble en effet assoiffé de travail. Mais très vite, aux requêtes de son patron, il répète inlassablement et sur le même ton dégagé :

"Je préférerais m'abstenir."

On va de surprise en surprise avec ce texte. La situation est plutôt hilarante au premier abord. Les personnages sont tellement caricaturaux qu'on a du mal à prendre le narrateur au sérieux.
Mais il devient difficile de ne pas se crisper lorsque la situation dégénère, et qu'elle révèle de quoi est faite l'existence de Bartleby. Il ne connait personne, ne sort jamais, et se braque de plus en plus, empêchant ainsi son employeur, pourtant bienveillant, de parvenir à le cerner.
On est d'autant plus mal à l'aise qu'il est difficile de savoir si Bartleby est aussi misérable qu'il en a l'air, ou s'il s'agit au contraire d'un dangereux manipulateur. Rien ne semble le déranger quand n'importe qui d'autre aurait été embarrassé à l'extrême. Les rôles s'inversent, l'employeur n'ose pas agir contre les agissements de Bartleby, un peu comme si c'était lui qui devait prendre des pincettes. A l'inverse, Bartleby agit un peu comme un patron, accomplissant uniquement les tâches qu'il juge dignes de lui, décidant de ses moments d'oisiveté, mais tout ça de façon tout de même misérable, de façon à ce qu'on ne puisse que le plaindre. Les quelques phrases qui semblent indiquer des réponses ne sont pas assez étoffées pour qu'on puisse en saisir le sens, et on n'apprendra pas la moindre information sur qui il est vraiment.

J'ai beaucoup aimé ce petit livre, beaucoup réfléchi, beaucoup été secouée. Je pense d'ailleurs le relire (de toute façon, il est vraiment très court), histoire de vérifier que rien ne m'a échappé, et j'espère que ça ne s'arrêtera pas là entre Melville et moi.   
   

18 octobre 2008

L'infortunée ; Wesley Stace

9782290355664_cb_1_J'ai Lu ; 602 pages.
Traduction de Philippe Giraudon. 2004.
Titre Original : Misfortune.

Encore un roman qui me tentait énormément, mais qui attendait (en anglais et en français) sur une étagère depuis sa sortie en poche. Comme je ne suis pas très emballée par le Thomas Hardy que j'ai commencé, je me suis dit que ce roman allait me faire office de récréation. Je l'ai commencé en anglais, mais mon exemplaire pesant pas loin de trois kilos m'a fait préférer mon édition de poche en français...

Un soir, en rentrant chez lui, le Jeune Lord Loveall découvre un bébé aux pieds d'une chienne. Il l'identifie immédiatement à sa petite soeur Dolorès, morte à cinq ans en tombant d'un arbre. Le bébé est baptisé Rose, et pour faire croire à une naissance légitime et tromper les vautours qui lorgnent sur l'héritage des Loveall, Geoffroy épouse Anonyma, sa bibliothécaire, et ne dévoile l'existence de l'enfant que quelques mois plus tard. Rose grandit entourée d'amour, faisant le bonheur de ses parents mais aussi de ses amis Stephen et Sarah. Cependant, plus les années passent et plus les événements étranges se multiplient autour d'elle, l'amenant à s'interroger sur qui elle est vraiment. Car Rose est en fait un garçon, ce que son père a toujours refusé de voir.

Bizarrement, j'ai adoré ce livre, alors même qu'il présente des défauts notoires. Déjà, il est trop long. La deuxième partie aurait été amputée de cent ou cent-cinquante pages, cela n'aurait pas été gênant, au contraire. Le passage où Rose quitte l'Angleterre m'a profondément ennuyée, et j'ai trouvé que ce qui suivait la révélation de la véritable identité du jeune homme était très brouillon en plus d'être cousu de gros fils. Quant à la fin, elle est tout simplement bâclée.
Mais j'ai été captivée par la première partie du roman. Elle est très bien écrite, maîtrisée, drôle, dynamique, angoissante aussi parfois. On ne se sent pas totalement dans l'Angleterre du début du XIXe siècle, mais en même temps cela ne décrédibilise pas l'intrigue. J'avais plutôt l'impression d'être dans un lieu indéterminé, pas très éloigné des contes de fées. Tout est très travaillé, même les noms des personnages, ce qui donne lieu à un roman très riche.

Car tout est surprenant dans ce livre, à commencer par les personnages. Geoffroy est très attachant, sa bonté et sa sincérité font qu'on lui pardonne son excentricité. Il croit vraiment que Rose est une fille, son bien-être en dépend. Anonyma peut apparaître comme une intrigante, mais elle aime son enfant plus que tout, et elle n'abuse jamais de la gentillesse de son maître (qui devient ensuite son mari). De plus, son personnage étant un hommage aux livres et aux bibliothèques, il est difficile de ne pas se trouver des poins communs avec elle.
En fait, il est possible d'être choqué par ce qui est imposé à Rose par tous ceux qui sont adultes au moment où elle arrive à Loveall. Mais le comportement des compagnons du Jeune Lord n'est guidé que par leur loyauté envers leur maître.
Quant aux enfants, ils sont de toute façon dans l'insouciance jusqu'au moment où la vérité éclate. Rose est un personnage complexe. On peut penser que cela va de soi étant donné que son identité est floutée, mais il aurait été très facile de tomber dans la caricature avec un tel sujet. Ce n'est pas le cas ici. Rose s'interroge, teste, rejette les évidences, tente de les accepter, puis trouve ce qu'il veut. C'est la même chose pour le lecteur, qui voit alterner des "il" et des "elle" sans trop savoir sur quel pied danser.

Il n'y a pas que des gentils dans ce roman. Nous avons aussi droit à toute la famille, qui n'attend que son heure pour fondre sur Loveall. Les Osbern sont presque tous ridicules, cupides, un peu caricaturaux, mais c'est l'histoire qui veut ça. De plus, ils ne sont pas dépourvus d'une certaine intelligence, et quelques éléments montrent des signes de faiblesse bienvenus pour Rose et ses amis.

Autre élément fascinant, Loveall. Ce lieu est plein de mystères, de souvenirs parfois douloureux (comme l'arbre d'où Dolorès a mortellement chuté). Et puis cette bibliothèque... Difficile de ne pas mourir d'envie d'y mettre les pieds.

En fait, je ressort de ce livre charmée, parce que la première partie m'avait complètement convaincue, et que de ce fait, je ne pouvais que vouloir connaître la fin de l'histoire. L'auteur a réellement une imagination débordante, et son livre était ambitieux dans le bon sens du terme. Cependant, je ne peux pas crier au chef d'oeuvre, parce que la deuxième partie du roman n'est vraiment pas à la hauteur. 

Les avis de Sophie et Laurent.      

15 octobre 2008

L'alphabet des auteurs

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Ophélie, John William Waterhouse

Emjy m'a taguée, et comme les tags qui circulent en ce moment m'amusent, je vais à nouveau me prêter au jeu. Le principe est de donner un auteur par lettre, et comme je ne suis pas une tricheuse, je vais m'y cantonner, même si certains choix vont me fendre le coeur... 

A
Auster Paul : Léviathan
B
Brontë Emily
C
Capote Truman : La traversée de l'été
D
Du Maurier Daphné : L'auberge de la Jamaïque
E
Eugenides Jeffrey : Virgin Suicides
F
Forster Edward Morgan
G
Gaskell Elizabeth : Nord et Sud
H
Huston Nancy : Lignes de faille
I
Ishiguro Kazuo
J
James Henry : Daisy Miller
K

L
Lehmann Rosamond : L'invitation à la valse
M
Maugham William Somerset : La passe dangereuse
N
Nimier Marie : Sirène
O
O'Faolain Nuala : Chimères
P
Pullman Philip : Les royaumes du Nord
Q

R
Rowling J.K. : Harry Potter
S
Setterfield Diane : Le treizième conte
T
Taylor Elizabeth : Angel
U
Udall Brady : Le destin miraculeux d'Edgar Mint
V

W
Woolf Virginia : La traversée des apparences
X

Y
Yeats William Butler
Z
Zusack Markus : La voleuse de livres

13 octobre 2008

Hester Lilly ; Elizabeth Taylor

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Traduction de Jacqueline Odin. 1954.

A priori, ce livre avait tout pour me plaire. Commençons par l'argument le moins futile, j'ai adoré Angel de cette même Elizabeth Taylor. Ce titre a été publié juste après la sortie du film de François Ozon, et la couverture m'a tout de suite accrochée. Je la trouve très réussie, et puis je me disais qu'une jeune fille s'appelant un peu Lilly était forcément quelqu'un de passionnant...

En fin de compte, j'ai été moyennement emballée par ce livre, qui raconte le passage d'une jeune fille chez son cousin Robert, et l'épouse de celui-ci, Muriel. Muriel déteste avant même de l'avoir rencontrée cette nouvelle venue qui, elle en est sûre sonnera le glas de son mariage, et met au point une stratégie aussi inefficace qu'auto-destructrice afin de s'assurer du contrôle de la situation.

Je ne sais pas trop quoi dire en fait. C'est vrai qu'Elizabeth Taylor décrit une situation un peu plus complexe que celle à laquelle on s'attend en ouvrant ce livre. En fin de compte, Hester Lilly n'est que peu présente, et son rôle principal est davantage de mettre en lumière la situation déplorable du couple formé par Muriel et Robert, que d'être une réelle menace, comme les personnages en prennent peu à peu conscience. Ils ne voient presque plus que les défauts de l'autre, leur vie sexuelle est un désastre, ils ne savent même plus retrouver la personne qu'ils ont épousée. D'où l'attitude de Robert envers sa femme lorsqu'il la trouve lisant les lettres qu'elle lui a envoyées du temps où ils se faisaient la cour. Robert est furieux, et lorsqu'elle lui dit qu'il agit comme si les lettres venaient d'une autre, il lui répond un "C'est le cas" aussi cruel que sincère.
Le but de ce texte est en fait de croquer le désastre des personnages qu'il met en scène, en démontrant le pathétique de leur situation, et leur incapacité à s'en sortir. La fin est même encore pire que le début, ce qui est un exploit en soi.
Mais j'ai eu un mal fou à m'intéresser aux personnages, ou même à me mettre un peu à leur place. Ils sont soit peu sympathiques, soit complètement lisses, quand ils ne sont pas les deux. Angel avait une fougue et une innocence telles que je n'avais pu m'empêcher de l'aimer, voire même de l'admirer. Ici, je n'ai rien éprouvé de tel. Hester Lilly me semblait prometteuse, et Muriel si antipathique que j'avais presque envie de souffler à la jeune fille de séduire son cousin. Mais ses pleurnicheries m'ont exaspérée, du coup je n'ai plus eu personne à qui m'accrocher.
Elizabeth Taylor se moque de ses personnages, c'est évident. Mais il y a des situations qui ne me donnent malheureusement aucune envie de rire, et c'est le cas ici.

Les avis de Clarabel et Sylvie, beaucoup plus enthousiastes.

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