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lilly et ses livres

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12 janvier 2009

The Amber Spyglass ; Philip Pullman

51dum6TvBYLScholastic Press ; 1024 pages.
V.F. : Le miroir d'ambre.

Je n'arrive pas à croire que j'ai mis un an à lire le dernier volet de la trilogie de Pullman. Enfin, si : mon livre regroupant les trois tomes pèse au moins deux kilos, et n'est pas du genre à tenir dans un sac à main... C'est après avoir terminé le tome 1 des Sally Lockhart que j'ai éprouvé une irrésistible envie de replonger dans l'univers de Lyra.

A la fin de The Subtle Knife, la fillette avait disparu. Nous la retrouvons en compagnie de la mystérieuse Mrs Coulter, qui la cache dans une grotte en la maintenant endormie, afin qu'elle ne s'échappe pas. Pendant ce temps, Will, qui a rencontré deux anges qui sont opposés au Régent, traverse l'Asie pour la retrouver. Tout comme les agents de Lord Asriel et ceux de l'Eglise.
Mary, la scientifique dont Lyra avait fait la connaissance en découvrant le monde de Will, découvre quant à elle un monde peuplé de créatures assez étranges, avec lesquelles elle sympathise rapidement. Ce monde est en déperdition, car la Poussière n'agit plus comme il le faudrait. Mary s'engage donc à chercher quelles sont les causes de ce phénomène. Un prêtre est à sa poursuite. Il a reçu pour mission d'éliminer Lyra, et sait qu'il la trouvera grâce à Mary.

Je ne sais pas comment exprimer ce que j'ai pu ressentir à la lecture de ce dernier tome. Les fins sont souvent un peu décevante, mais ce n'est pas du tout le cas ici. Non seulement le ton de l'histoire demeure le même que dans les volets précédents, mais en plus, il reste encore énormément de choses à accomplir avant de boucler l'histoire.
Pullman a encore de l'imagination a revendre, et c'est ainsi que nous découvrons toutes sortes de nouvelles créatures, que nous n'étions pas encore prêts à rencontrer dans les volets précédents. Certaines phrases du premier tome prennent toute leur importance seulement dans The Amber Spyglass. Absolument rien n'est laissé au hasard, et toutes les explications prouvent à quel point Pullman est un auteur talentueux. C'est déchirant, certes (ah ! cette trahison dans le monde des morts ! Cette révélation finale à propos de la poussière ! ), mais l'auteur veux être le seul maître à bord, et il s'en donne les moyens.
Impossible de souffler, ce tome est celui de tous les combats. Les personnages savent que c'est l'avenir de l'univers qui est en jeu. Outre les péripéties de Will et de Lyra, et les choix difficiles auxquels ils sont confrontés, j'ai été fascinée par la relation entre Mrs Coulter et Lord Asriel. Je me rappelle que j'avais trouvé le retournement de situation à la fin du tome 1 fort bien orchestré, je ne pensais pas si bien dire. Ces deux individus, pour lesquels le mensonge et la dissimulation sont une seconde nature, m'ont parfaitement manipulée.
Une fois la dernière page tournée, je me suis précipitée sur le tome 1 pour en relire au moins le début, et retrouver tous ces personnages qu'il est très difficile de quitter, et qui n'ont pas révélé tous leurs mystères.

His Dark Materials est donc tout simplement un chef d'oeuvre, et je vous conseille très fortement de ne pas passer à côté !

J'en profite pour dire deux mots de l'adaptation du premier tome, qui m'a sincèrement déçue. Je ne savais pas trop ce qu'on pouvait en attendre, mais certains choix m'ont beaucoup surprise (notamment le fait de ne pas respecter le découpage de Pullman, qui n'est absolument pas anodin). Ce roman est tellement complexe qu'en fait, j'ai trouvé que le moindre changement modifiait fortement le livre, et cela m'a beaucoup gênée (je suis pourtant une grande amatrice d'adaptations).
Une petite photo quand même pour les filles avides de kulture fashionesque que nous sommes (et aussi parce que j'aime beaucoup Selmaria) :

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Les avis de La Conteuse, Karine et Papillon.

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10 janvier 2009

Le portrait de Dorian Gray ; Oscar Wilde

98375630_L_1_Presses Pocket ; 283 pages.
Traduction de Michel Etienne.
V.O. : The Picture of Dorian Gray. 1891.

Oscar Wilde est un auteur dont j'aime tout, et dont la vie me fascine. Pourtant, je n'avais jamais lu son unique roman, dont tout le monde connaît la trame sans même l'avoir lu tellement il a marqué les esprits. En voyant la couverture, j'ai du mal à croire que c'est moi qui ai acheté ce livre. Je suis plus exigeante d'ordinaire, j'essaie quand même d'acquérir des livres dont l'aspect fait envie.

Basil Hallward est peintre à Londres, à la fin du XIXe siècle. Sa vie bascule lorsqu'il rencontre le jeune Dorian Gray, au visage d'ange et à l'âme encore pure. Son portrait est un chef d'oeuvre complet, mais il sera aussi le début de la fin pour nombre de protagonistes de l'histoire. Car le tableau est magique, il vieillit et encaisse les erreurs de l'homme qu'il représente à la place de ce dernier. Dorian est en effet un esprit naïf, ce qui est très dangereux lorsque l'on possède la jeunesse éternelle et que rien ne semble pouvoir nous détruire.

A l'exception de quelques passages que j'ai trouvés un peu laborieux (quelques descriptions sont franchement longues et ennuyeuses), cette lecture a dépassé mes espérances (pourtant élevées). Le portrait de Dorian Gray est un roman incroyablement fort, dont on ne ressort pas indemne. Je crois que j'avais rarement utilisé autant de post-it pour noter les passages marquants d'un roman.
Celui-ci est composé de plusieurs couches. La première donne une apparence de légèreté à l'histoire. Dorian et Lord Henry sont de véritables dandys qui ne se préoccupent que de clubs, opéras, apparences, femmes, et autres plaisirs en tous genres. Ce sont des hommes très jeunes, qui semblent très éloignés des ennuis en général, et qui ne veulent que jouir de la jeunesse.
La deuxième couche est beaucoup plus sombre, et l'on réalise vite que la légèreté apparente de ce roman n'a pour but que de faire mieux ressortir le drame qui se noue. Mon personnage préféré est sans aucun doute Lord Henry Wotton. Il est délicieusement ironique et détaché, ses conversations sont toujours extrêmement drôles, mais c'est bien lui qui, par son insouciance, fait basculer Dorian. Basil avait prévenu :

" He has a very bad influence over all his friends, with the single exception of myself. "

Du début à la fin, Henry demeure le même, et malgré sa vivacité d'espritoscar_wilde, on réalise qu'il n'est pas plus clairvoyant qu'un autre. Ses propos sur la fin de son mariage m'ont beaucoup émue, et montrent à mon avis bien davantage le personnage et ses blessures dans ces quelques phrases échappées avec un ton ironique, que le reste du livre. Ce personnage m'a vraiment intéressée, pour moi il contient à lui seul tout le livre.
Plus discret, parce que plus timide, mais tout aussi émouvant, Basil Hallward est également un personnage indispensable au livre. Il est l'auteur du fameux portrait, et son amitié pour Dorian Gray est touchante, mais comme beaucoup de passionnés, il entraîne sa propre destruction.
Quant à Dorian, son insouciance est aussi grande que celle de ses amis. D'un caractère naïf et innocent, il se transforme peu à peu en individu instable. Il est impossible de le détester tout à fait, car il est une victime lui aussi, d'une certaine manière. J'ignorais la fin exacte du roman, aussi ai-je été surprise. Je pense qu'il peut y avoir une double interprétation de ce que Dorian désirait faire. Je préfère pour ma part penser qu'une part de lui même savait ce qu'il allait provoquer.

Oscar et moi sommes donc plus copains que jamais ! J'espère que vous ne tarderez pas à vous plonger dans cette merveille (pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait).

Les avis de Livrovore, Papillon, et de Nanne.

9 janvier 2009

Defi blog-o-trésors

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Je n'ai pas participé à la conception de la liste de ce défi, et j'ai un énorme Challenge ABC, mais je ne résiste pas à l'envie de choisir quatre livres parmi les 785 proposés. Voici mon choix :

Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray.
René Barjavel, La nuit des temps.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.
Sylvia Plath, La cloche de détresse.

J'ai donc un an pour lire ces livres et les commenter sur mon blog. Ca commence dès aujourd'hui ou demain, avec Le Portrait de Dorian Gray.

17/02 : Il ne me reste donc plus que Voyage au bout de la nuit à découvrir, celui qui me fait le plus peur. Pour le moment, j'ai découvert un livre qui sont à la porte de mon panthéon littéraire (Sylvia Plath et Oscar Wilde), et un livre décevant (René Barjavel).

04/07 : Challenge bouclé, et de très belle manière ! 

6 janvier 2009

Sally Lockhart : La malédiction du rubis ; Philip Pullman

resize_2_Folio Junior ; 318 pages.
Traduction de Jean Esch. 1985.
Titre Original : The Ruby in the Smoke.

J'avais vaguement entendu parler de la première série écrite par Philip Pullman, mais j'ignorais de quoi il s'agissait. J'ai appris lors du Victorian Christmas Swap que les Sally Lockhart se déroulait à l'époque victorienne, ce qui a attiré mon attention.

Sally Lockhart a seize ans, et son père vient de mourir à l'autre bout du monde, où il s'était rendu pour affaires. Recueillie par une parente peu attentionnée, elle reçoit un billet étrange, qui l'amène à aller voir l'ancien associé de son père. Elle a finalement une entrevue avec Mr Higgs, un autre membre de la compagnie, qui décède devant ses yeux après qu'elle ait évoqué les "sept bénédictions" auxquelles le billet anonyme reçu fait allusion.
Dans le même temps, un marin accro à l'opium et terrifié par les Chinois débarque à Londres, où une femme cupide le prend en pension, et le retient prisonnier.
Sally, qui comprend que sa vie est menacée pour des raisons qui lui échappent, entreprend alors d'enquêter sur les mystères qui entourent la mort de son père, et sur les cauchemars étranges qui troublent son sommeil.
En chemin, elle rencontre Frederic Garland, un jeune photographe, Rosa, la soeur de ce dernier, Trembleur, leur fidèle ami et ancien pickpocket, et Jim, un jeune garçon qui travaille pour Mr Selby, l'ex-associé de Mr Lockhart.

Si vous chercher une série à la hauteur de A la croisée des mondes, vous risquez d'être déçu en lisant les Sally Lockhart. J'ai beaucoup aimé ce premier tome, mais il faut bien reconnaître que Sally fait pâle figure à côté d'une Lyra. Bien que la première soit plus âgée, je suis moins surprise de voir Sally Lockhart en lecture jeunesse que je ne l'avais été pour A la croisée des mondes. L'intrigue est moins complexe, les personnages ne nous font pas tourner en bourrique (à part un), nous ne sommes pas dans un univers avec des tas de mondes parallèles...
Mais, Philip Pullman a quand même un style qui me plaît beaucoup, et dont il usait déjà lorsqu'il a écrit les Sally Lockhart. J'aime particulièrement sa façon de présenter les événements avec brutalité et détachement :

"Elle s'appelait Sally Lockhart, et dans moins d'un quart d'heure, elle allait tuer un homme." (je vous rassure, c'est la première page du roman, aucun spoiler donc).

J'ai dit au début de mon billet que La malédiction du rubis est plus enfantin que A la croisée des mondes. C'est exact, mais Pullman n'est pas un auteur qui y va avec des pincettes. Certains passages sont violents, et supprimer des personnages ne lui pose aucun problème.   
Malgré tout, j'aime infiniment voyager avec lui, et je veux absolument aller sous les tropiques maintenant :

"Si vous n'avez vu les étoiles qu'en Angleterre, vous n'avez jamais vu d'étoiles. Sous les tropiques, elles ne luisent pas faiblement comme ici, elles étincellent ! Dans notre sillage, les gerbes d'écume se composaient de milliards de lumières blanches, et des deux côtés du bateau, la mer était remplie de mouvements vifs et brillants : des poissons qui filaient dans les profondeurs, de grands nuages scintillants et des voiles de couleurs indistinctes, des petites houles et des tourbillons de lumière tout en bas. "

J'ai du mal à vous parler de ce livre, je m'en rends bien compte. J'ai eu la bonne idée de découvrir Sally Lockhart en n'ayant pas lu Philip Pullman depuis un an, mais cela m'a donné envie de lire The Amber Spyglass avant d'avoir rédigé mon billet, et je n'arrive pas à me détacher de ce dernier. Pourtant, ce livre le mériterait, parce que Pullman ne sait pas créer des personnages insignifiants, et il le prouve ici encore. De même, l'intrigue est très bien menée, je ne me suis pas du tout ennuyée à la lecture de ce roman, qui est idéal en cette période un peu morose d'après Noël.

Les avis d'Isil et Clarabel.

4 janvier 2009

La Fille du capitaine ; Alexandre Pouchkine

resize_4_Le Livre de Poche ; 222 pages.
Traduction de Vladimir Volkoff.
1836.

Lettre P du Challenge ABC :

Le 1er janvier, j'ai rassemblé tous les livres que j'ai choisis pour mon challenge "classiques", et pendant quelques minutes, j'ai été horrifiée : rien ne me tentait... Il faut dire que je viens de passer une semaine avec Philip Pullman ( je vous en reparle très vite), et je ne savais pas si je pourrais apprécier une autre ambiance. Pouchkine m'a été conseillé pour compléter ma liste de livres à lire en 2009, alors j'ai ouvert La Fille du capitaine sans savoir de quoi il s'agissait.

Russie, 1773. Après avoir reçu une éducation plutôt succincte, Piotr Andréïtch Griniov est confié par son père, un ancien grand soldat, aux soins d'un vieil ami, qui doit faire de lui un combattant de Catherine II. Son vieux serviteur l'accompagne, et tous deux se rendent au fort de Bélogorsk (où les envoie l'ami du père de Piotr), où son supérieur et sa femme l'accueillent comme leur propre fils. Bien que le fort n'offre pas les loisirs dont Piotr pensait jouir à Saint Petersbourg (où il désirait faire son apprentissage de soldat avant que son père ne l'expédie dans un endroit plus dur), il se sent très vite à l'aise avec ses nouveaux compagnons, et son affection pour la fille de son supérieur se transforme très vite en amour.
Mais le rebelle Pougatchov attaque les forts de la tsarine, et menace celui où se trouve Piotr. 

 

Pour commencer, j'ai deux scoops à vous annoncer :
- Un roman russe peut être drôle : bon, ce n'est pas le livre le plus euphorique de la Terre, mais certains passages, particulièrement avec le valet de Piotr, sont extrêmement amusants.
- Un roman russe peut bien se terminer : désolée de vous gâcher le suspens, mais je ne m'y attendais pas le moins du monde. Et puis, tout est relatif, tout ne va pas non plus pour le mieux dans le meilleur des mondes. 
En revanche, j'ai pu vérifier avec délice que les noms des personnages russes sont impossibles à retenir... Les personnages de La Fille du capitaine ont la bonne idée de tous s'appeler Ivan, donc il faut retenir leurs autres noms. Sans parler des surnoms dont les russes sont très friands je crois... Moi qui ai prévu de lire Guerre et Paix, je sens que je vais déguster !

A part ça, j'ai bien aimé ce livre, mais je n'ai pas été subjuguée non plus. J'ai beaucoup aimé les personnages qui font ce livre, particulièrement Pougatchov, Shvabrine et la femme du capitaine. Ce sont des personnalités fortes, complexes, qui donnent lieu à des scènes cocasses, et dont la détermination est à toute épreuve.
Autre élément très appréciable, le contexte historique. Je n'y connais rien à l'Histoire de la Russie, mais j'adore l'Histoire en général, alors quelques bribes sont toujours bonnes à prendre. D'autant plus que je compte lire d'autres romans russes cette année, et je trouve qu'il est toujours bon d'avoir quelques bases.
Mais j'ai eu du mal à me mettre dans l'ambiance. J'ai trouvé le style assez froid (j'aimerais vraiment lire le russe...), l'histoire un peu trop rapide. J'aurais aimé voir davantage la Russie, vivre un peu plus avec les personnages. J'aime les pavés, et certains livres ont besoin de beaucoup de pages pour me captiver réellement. Je crois que La Fille du capitaine en fait partie. 

Une bonne lecture donc, pas totalement convaincante, mais qui me conforte dans mon envie de découvrir les auteurs russes !   

Les avis de Papillon et Majanissa.

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2 janvier 2009

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates ; Mary Ann Shaffer

24580218_1_France Loisirs ; 387 pages.
Traduction de Aline Azoulay-Pacvon. 2008.
V.O. : The Guernsey Literary and Potato Peel Society.

Je déteste France Loisirs (désolée pour les fans...), leur façon de recruter les adhérents ne me plaît pas du tout, et quand je vois leur catalogue, je me dis que nous n'avons absolument pas les mêmes goûts...
Mais cette fois, j'ai craqué devant les assauts de Clarabel, puis de la moitié de la blogosphère (la version anglaise n'a pas une aussi belle couverture). J'ai fait les yeux doux à une personne de mon entourage abonnée à FL, et elle me l'a très gentiment acheté.

Londres, 1946. Juliet Ashton est un écrivain en mal d'inspiration. Un jour, elle reçoit une lettre d'un habitant de Guernesey, un certain Dawsey Adams, qui a trouvé son adresse sur un ouvrage de Charles Lamb. Elle découvre alors l'existence du cercle littéraire des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates, créé grâce à la rapidité d'esprit d'une habitante de Guernesey, durant l'Occupation. Au fils des lettres, Juliet se lie d'amitié avec les différents habitants de l'île, et commence à écrire sur eux.

Si vous êtes déprimé, si vous aimez les personnages loufoques, ou si les îles anglo-normandes vous attirent, ce livre est fait pour vous. Juliet est une héroïne extrêmement attachante avec son caractère bien trempé, et son amour des livres. Cette lecture m'a d'ailleurs rappelé que le livre de Daphné Du Maurier sur Branwell Brontë m'attend bien sagement dans ma bibliothèque. Et que les hommes qui tomberaient sur ce billet ne s'offusquent pas, mais je n'ai pu m'empêcher de noter cette phrase d'Isola (qui parle de mon Heathcliff, donc je suis pardonnée) :

"Les hommes sont plus intéressants dans les livres qu'ils ne le sont en réalité."

Outre cet hymne à la lecture, Le cercle littéraires des amateurs d'épluchures de patates évoque une page douloureuse de l'Histoire, puisque les habitants de Guernesey sont encore marqués par le passage des Allemands, et les Londoniens non plus n'ont pas repris leur vie d'avant la guerre. Heureusement, les personnages ont assez de ressources et de malice pour ne pas s'effondrer et nous abattre avec eux, et l'on referme ce livre avec le sourire aux lèvres. Nous sommes en effet confrontés à une avalanche de personnages qui ont tous une particularité (sorcière, ivrogne, vieille bique...) qui permettent de dédramatiser l'histoire tout en gardant conscience des difficultés passées. Mention spéciale au personnage d'Elizabeth, je n'avais même pas remarqué qu'elle était absente avant que ce ne soit dit. Sa présence jusque là était telle que la nouvelle tombe comme un coup de massue. C'est très habile de la part de l'auteur. Je suis beaucoup moins convaincue par Rémy. Étrangement, ce témoin direct des horreurs de la guerre, cette jeune femme brisée par ce qu'elle a subit, n'est pas celle par qui l'émotion passe. Je veux bien croire que cela soit voulu, mais je n'ai pas compris quel était l'intérêt de la faire venir à Guernesey.   
En ce qui concerne la forme épistolaire, je ne suis pas particulièrement une amatrice du genre, mais j'ai trouvé qu'elle passait très bien avec ce roman, et ajoutait même beaucoup à son charme (cette dernière phrase qui semble totalement inutile, est en fait destinée à une certaine personne qui devrait se reconnaître).   
Juste une critique, l'écriture est un peu lourde dans les premières lettres des habitants de Guernesey reçues par Juliet, et donne à ces dernières un côté artificiel.
Mais bon, le reste est très agréable (je crois que je ne me remettrais pas de l'anecdote avec Oscar Wilde...), alors tout va bien.   

Pas le roman du siècle, mais un livre idéal pour les froides soirées qui sont encore devant nous !

Les avis de Clarabel, Emjy, Fashion, Tamara, Michel et Karine.

31 décembre 2008

Bilan Littéraire 2008

Cette année, j'ai pas mal délaissé mon blog. Pas le temps, pas l'envie... Mais depuis la rentrée, c'est reparti, rassurez-vous (ou désespérez...) !
Je ne me souviens pas de tous les livres que j'ai pu lire, mais j'ai très peu fait de lectures "plaisir" au cours des six premiers mois de l'année. Je pense que j'ai du lire ou relire environ 80 romans en 2008 (dont 65 dont j'ai parlé ici). C'est donc une petite année en nombre, mais la qualité était au rendez-vous. Je suis également enchantée d'être toujours avec vous, 2008 m'a permis de "rencontrer" de nouvelles blogueuses que j'apprécie vraiment, et je me sens de mieux en mieux au sein de la blogosphère (j'ai même participé à un Swap ! ).

Bon, passons aux choses sérieuses maintenant : 

Mes coups de coeur de l'année : (dans le désordre, à part le premier)

- Le bruit et la fureur, William Faulkner : ce roman est tout bonnement parfait. C'est LE livre qui m'a le plus touchée cette année. Du même auteur, j'ai aussi adoré Lumière d'août

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- Les grandes espérances, Charles Dickens : Il faut qu'Erzébeth se prépare au choc qui l'attend, donc je veux l'amadouer. Non, sérieusement, le petit Pip m'a vraiment amadouée (même si Thackeray reste le meilleur), et je compte bien relire Dickens en 2009. Je n'aurais pas pensé le mettre dans mes super chouchous de l'année, mais quelques semaines après ma lecture, je suis toujours imprégnée par ce livre...

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- La traversée de l'été, Truman Capote : C'est maintenant qu'Erzébeth va s'arracher les rares cheveux qu'il lui reste. J'ai complètement craqué pour le premier roman de Capote, je l'ai trouvé vraiment très fort, encore plus que Breakfast at Tiffany's.

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- Délivrez-moi ! , Jasper Fforde : j'ai été ravie de retrouver Thursday Next, mais aussi et surtout Miss Havisham. Jasper Fforde est à conseiller contre tous les coups de blues !

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- Far from the madding crowd, Thomas Hardy : il m'aura fallu plus de deux ans pour que je me décide à ouvrir un livre de cet auteur, la poule mouillée que je suis est coriace. Finalement, j'ai été enchantée par ce roman sublime au point que j'ai acheté la moitié des titres de Hardy après avoir quitté le berger Oak et sa Bethsheba...

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- La lettre écarlate, Nathaniel Hawthorne : encore un livre que j'ai mis du temps à ouvrir, mais qui m'a mis une sacrée claque !

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-Le jardin de ciment, Ian McEwan : parce que McEwan est une machine à produire des merveilles. Ce livre est le plus émouvant de lui que j'ai lu (et la barre est haute, croyez moi).

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- Genitrix, François Mauriac : un auteur que je n'aurais jamais pensé lire, et encore moins apprécier !

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- Une étude en rouge, Sir Arthur Conan Doyle : Sherlock Holmes et moi sommes en passe de devenir de très très bons amis !

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- Le treizième conte, Diane Setterfield : LE livre qui a séduit toute la blogosphère ! Je ne pensais pas que c'était possible, mais il semble que chacun y trouve son compte.

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- Xingu, Edith Wharton : merci encore Lou pour cette découverte !

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- La voleuse de livres, Markus Zusack : je l'ai ouvert un peu inquiète, mais j'y ai trouvé un livre bouleversant et délicat.

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- Sirène, Marie Nimier : une merveille de délicatesse !

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- Bitten, Kelley Armstrong : Clay...
Certainement pas le chef d'oeuvre de l'année, mais qu'est-ce que ça fait du bien un peu de légèreté de temps en temps !!

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Les déceptions :

- La Dame en blanc, Wilkie Collins et Dracula, Bram Stoker : deux livres que j'avais juré d'adorer... Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé...

- Sans te dire adieu, Myriam Sachs : un début prometteur, puis une succession de clichés. Vraiment dommage...

- L'amant inachevé, Gaëlle Guernalec-Lévy : malgré des échanges très intéressants avec d'autres blogueuses ainsi que l'auteur, je reste déçue par ce livre...

- Inconnu à cette adresse, Kressmann Taylor : j'ai bien aimé la dernière page, mais le reste ne m'a pas touchée...

- La Passion selon Juette, Clara Dupont-Monod : cette déception m'a moins surprise, mais je reste quand même perplexe devant l'enthousiasme provoqué par ce livre sur les blogueuses...

- Son absence, Justine Augier : je pense qu'il dispute au livre précédent le titre de daube de l'année (désolée pour les fans). Ce livre est complètement vide...

Les "Je sais paaaaaaaaaas ! " : (les livres qui m'ont marquée mais également gênée)

- Ailleurs, Julia Leigh : un auteur que j'espère relire pour mieux me positionner par rapport à ses écrits.

- L'infortunée, Wesley Stace : mais pourquoi cette deuxième partie ?!?

- The End of the Affair, Graham Greene : ou comment foirer un chef d'oeuvre avec des considérations assomantes...

- L'empreinte de l'ange, Nancy Huston : j'ai le coeur sensible, alors je suis troublée, même après un an...

La plus jolie couverture de l'année :

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Mes bonnes résolutions pour 2009 :

- Lire au moins quelques livres de mon Challenge ABC...

- Acheter moins de livres, essayer d'en emprunter au moins quelques uns à la bibliothèque.

Très joyeuse année 2009 à tous !

29 décembre 2008

Une étude en rouge ; Sir Arthur Conan Doyle

resize_2_Librio ; 126 pages.
Traduction de Lucien Maricourt.
Titre original : A Study in Scarlet. 1887.

Je rentre de vacances, et j'ai 186 billets non lus dans mon Google Reader, 186 ! (je voulais juste me plaindre...)

Sir Arthur Conan Doyle est encore un auteur que je voulais découvrir depuis très longtemps. Je ne suis pas du tout une connaisseuse en matière de romans policiers, et je crois qu'à part une obscure BD inspirée du Chien des Baskerville, je n'avais jamais eu aucun contact avec cet auteur. Comme tout le monde, je connaissais le nom de Sherlock Holmes, et son fameux "Elémentaire, mon cher Watson ! " (qui n'est d'ailleurs pas une invention de Doyle d'ailleurs) J'espère bien profiter de 2009 (année des classiques) pour faire plus ample connaissance avec les deux associés.

Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé de faire preuve de logique en choisissant le titre de ce livre. Il s'agit tout simplement de la première apparition de Sherlock Holmes, et de sa rencontre avec le Docteur Watson, fraîchement rentré en Angleterre. Les deux hommes sont à la recherche d'un logement confortable, et la colocation leur apparaît comme une nécessité financière. Un ami les met en relation, et voilà Watson qui se retrouve devant un individu peu avenant (je commence d'ailleurs à croire qu'être très prétentieux est la condition sine qua none pour être un grand détective de la littérature), qui joue merveilleusement du violon, et qui exerce une profession un peu étrange, puisqu'il est amené à aider la police dans ses enquêtes.
Très vite, Sherlock Holmes démontre qu'il est difficile de lui dissimuler quoi que ce soit, et le meurtre pour lequel il est amené à s'associer à la police nécessite bien un tel talent. En effet, un homme a été retrouvé mort dans une maison vide. Rien sur le corps ne laisse soupçonner que le décès n'était pas dû à une cause naturelle, excepté le mot Rache (violence en allemand) écrit avec des lettres de sang sur le mur.

Cette rencontre avec Sherlock Holmes a été une vraie réussite ! Ce qui m'a le plus bluffée est le changement total (désolée d'être si vague, mais c'est pour ne pas vous gâcher la découverte de cette enquête) qui intervient au moment où Sherlock Holmes annonce le nom du tueur. C'est à ce moment que j'ai compris que j'avais affaire à un grand auteur, qui était capable de rompre le rythme de son histoire, et de nous embarquer dans un endroit totalement différent que l'on n'aurait jamais soupçonné, et qui s'est révélé être captivant. J'entends beaucoup parler des mormons ces derniers temps, et je n'aurais jamais pensé qu'un auteur de la fin du XIXe pouvait envisager ce mouvement avec autant de recul.
A part cela, l'ambiance est délicieuse, mais je crois que je ne me lasserais jamais de Londres et du XIXe siècle. J'ai déjà dit deux mots sur les personnages, mais je vais quand même en rajouter un peu. En fait, on comprend très vite que ces deux personnages ne sont pas parfaits, qu'ils n'ont pas grand chose en commun, mais il me semble que l'auteur n'a pas totalement levé le voile sur leur identité, ce qui me donne encore plus envie de lire le reste des aventures de Sherlock Holmes et du Docteur Watson. Je ne suis pas une connaisseuse en matière de romans policiers (c'est peu de le dire), mais il me semble que certains des éléments que je viens d'évoquer pour vous parler des deux personnages principaux se retrouvent dans beaucoup d'enquêtes publiées par la suite.

Je ne sais pas quoi vous dire de plus. Ce livre m'a vraiment enchantée, et j'ai déjà commencé à acquérir d'autres ouvrages de Sir Arthur Conan Doyle. Comme nous sommes bientôt en période de voeux, et qu'il faut garder espoir, on va dire que je vous en reparle très vite !   

23 décembre 2008

Joyeux Noël

Je vous souhaite un très Joyeux Noël à tous et à tous !

Je pars réveillonner en famille, alors je vous laisse entre les mains de Christian

(je suis d'une générosité
incomparable en période de Noël)

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Little Women (1994)

22 décembre 2008

Typhon ; Joseph Conrad

41VPG5PTQ9LFolio ; 153 pages.
Traduction d'André Gide ; 1903.
Titre Original : Typhoon.

Joseph Conrad est l'un de ces auteurs que j'avais prévu de découvrir depuis pas mal de temps, mais je ne savais pas vraiment par où l'attaquer. Au coeur des ténèbres est sans doute son titre le plus connu, mais le résumé ne me tentait pas tellement. C'est Manu qui a tranché pour moi, en le glissant dans mon colis Swap, par hasard.
Pour tout vous avouer, je n'ai appris qu'il y a quelques semaines que Conrad n'était pas un auteur américain mais bien un auteur anglais. En fait, c'est encore plus compliqué que cela, puisqu'il est en fait Polonais par ses parents, mais né en Ukraine. Conrad n'est devenu Anglais que vers trente ans, lorsqu'il s'est engagé dans la marine britannique.
Si je vous dit tout ça, c'est effectivement parce que je suis fatiguée, et que je parle beaucoup pour ne rien dire quand je suis fatiguée, mais aussi parce que cela me semble être important.

Je ne pense pas surprendre grand monde en disant que Typhon se déroule sur un bateau (la couverture, qui n'est d'ailleurs pas celle de mon livre, vous l'aura fait comprendre), mais savoir que Conrad a été marin lorsque l'on aborde ce texte me parait éclairant. Je ne suis pas une grande amatrice de livres dont l'intrigue repose davantage sur une atmosphère que sur des personnages, et ici, on ne peut pas dire que ces derniers soient très captivants au premier abord. Je vous laisse apprécier les quelques lignes qui introduisent le capitaine du Nan-Sham, le bateau qui va affronter le typhon auquel le titre fait allusion :   

" L'aspect du capitaine Mac Whirr, pour autant qu'on en pouvait juger, faisait pendant exact à son esprit et n'offrait caractéristique bien marquée de bêtise, non plus que de fermeté ; il n'offrait caractéristique aucune. Mac Whirr paraissait quelconque, apathique, indifférent. "

En fin de compte, Mac Whirr s'avère beaucoup plus intéressant que je l'imaginais. Il ne prend pas toujours les bonnes décisions, et est responsable du fait que son navire se retrouve au coeur d'un typhon, mais sa façon de vivre seulement de faux semblants m'a émue.
Je vous parlerais bien des autres membres de l'équipage, seulement il me semble que ce sont les relations qu'ils ont entre eux qui sont intéressantes. Car ce livre est un tout, chaque élément permet de créer l'atmosphère exacte que Conrad a voulu, et c'est ce qui rend ce texte si puissant, si beau, et surtout si réel. Je crois que je n'avais jamais lu un livre qui permettait de ressentir aussi fortement le calme d'abord, avec des personnages à moitié endormis, une mer tranquille, un navire qui fait paisiblement sa route, puis le déluge :

"Un faible éclair tremblota tout autour comme sur les parois d'une caverne, d'une chambre de la mer secrète et noire, au pavement d'écume et de flots. Sa palpitation sinistre découvrit un instant la masse basse et déchiquetée des nuages, le profil allongé du Nan-Sham, et sur le pont, les sombres silhouettes des matelots à la tête baissée, surpris dans quelque élan, butés et comme pétrifiés. Puis les flottantes ténèbres se rabattirent. Et c'est alors enfin que la réelle chose arriva.
Ce fut je ne sais quoi de formidable et de prompt, pareil à l'éclatement soudain du grand vase de la Colère. L'explosion enveloppa le navire avec un jaillissement tel qu'il sembla que quelque immense digue venait d'être crevée à l'avant. Chaque homme aussitôt perdit contact. Car tel est le pouvoir désagrégeant des grands souffles : une avalanche s'attaque à l'homme incidemment pour ainsi dire et sans colère. L'ouragan, lui, s'en prend à chacun comme à son ennemi personnel, tâche à l'intimider, à le ligoter membre à membre, met en déroute sa vertu.
" 

J'ai mis la dernière phrase en gras, parce que je l'aime tout particulièrement. Mais le passage entier est juste sublime.
Tout est parfait dans ce livre. Conrad a parfaitement su doser tout les éléments dont il avait besoin : les dialogues au compte-goutte, l'attitude des personnages (il n'y a pas que la mer qui s'agite), et même la construction du livre (la fin du typhon permet de terminer admirablement l'histoire)... 

Un excellent livre que je vous conseille absolument donc !

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