Notre part de nuit - Mariana Enriquez
Après la mort de sa femme Rosario, Juan quitte Buenos Aires avec son fils Gaspard. Ils traversent l'Argentine pour retrouver leurs proches. En pleine dictature, ce ne sont pas les militaires qui sont les plus dangeureux. Le coeur de Juan est en très mauvais état malgré son jeune âge, et s'il se rend dans la famille de sa femme, c'est pour mieux fuir ou affronter ses horribles membres.
Notre part de nuit est un livre difficile à évoquer parce que trop en dévoiler gâcherait votre plaisir et qu'il s'agit d'un texte qui ne se refuse aucun genre. Roman d'horreur dont le personnage principal rappelle le Pistoléro de Stephen King, ce livre évoque aussi les crimes de la dictature argentine et nous offre une plongée dans le Mal qui obsède les poètes lus inlassablement par Juan.
Tous les individus que nous croisons sont fascinants. Une seule n'est que monstruosité (ce qui donne lieu à des rencontres difficilement soutenables), les autres ont au moins quelques failles qui les ont parfois conduits à briser ce qu'ils avaient de plus cher. Leurs relations sont complexes, faites de cruauté et de violence. Le doute instillé par le fanatisme contamine et emprisonne même ceux qui souhaitent le plus mettre un terme à une série de sévices, de massacres et de sacrifices. Et pourtant, Notre part de nuit est aussi une magnifique d'amour entre un père très imparfait et son fils.
Polyphonique et faisant des va-et-vient sur plusieurs décennies, de l'Argentine à Londres en passant par le Nigéria, le roman est construit de manière à ne révéler ses mystères qu'au compte-goutte. A l'exception de deux passages un peu long, j'ai été hypnotisée du début à la fin et je sais déjà que je me replongerai un jour dans cet univers.
La littérature hispanophone, qui ne m'a pas intéressée le moins du monde jusqu'à ces dernières années, a fini par me conquérir complètement.
Editions du sous-sol. 759 pages.
Traduit par Anne Plantagenêt.
2021.