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lilly et ses livres
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31 décembre 2015

Bilan littéraire 2015


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Une dixième année s'achève dans ces pages (même si en 2006, le blog n'avait que quelques mois). Je suis bien loin du nombre de lectures que je pouvais faire en tant que toute jeune étudiante, mais les livres ont toujours une immense place dans ma vie.

Sur le plan personnel, 2015 a été une année plutôt charnière, avec du très très bon mais aussi du très douloureux. J'ai perdu l'une des personnes les plus importantes de ma vie, et si je déroge à la règle que je me suis fixée de ne pas donner de détails trop précis sur ma vie dans ces pages, c'est parce qu'elle en a inspiré un certain nombre.

Au niveau de mon bilan annuel, j'ai lu 50 livres, dont 35 romans. Je retiens surtout le premier livre lu en 2015, Le mur invisible de Marlen Haushofer, coup de coeur surprise. Les classiques m'ont comblée avec L'étranger d'Albert Camus, dont j'ai aussi adoré l'adaptation en bande-dessinée par Jacques Ferrandez, MacBeth de William Shakespeare (je n'ai pas pu voir le film) et Thérèse Raquin d'Emile Zola (billet à venir).

Du côté des déceptions, L'âge difficile d'Henry James remporte la triste palme. Evelyn Waugh avec Le cher disparu et Tennessee Williams avec La nuit de l'iguane m'avaient habituée à mieux.
Côté bandes-dessinées, outre l'adaptation de Camus, j'ai eu des coups de coeur pour A silent voice, un manga sur le harcèlement scolaire, la très belle adaptation de Chaque soir à onze heures et 120, rue de la gare, de Tardi.

J'ai lamentablement échoué à mon challenge Me, myself and I, lancé par Romanza. J'ai bien lu The rain before it falls de Jonathan Coe en anglais, mais je ne l'ai pas chroniqué sur mon blog.

Je vous souhaite à toutes et à tous une merveilleuse année 2016, remplie de lecture et de joies.

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5 décembre 2015

L'intérêt de l'enfant - Ian McEwan

A14768Fiona Maye, soixante ans, est une magistrate renommée exerçant aux affaires familiales. Alors qu'elle traverse une crise conjugale, elle est confrontée à des cas judiciaires délicats. L'un d'entre eux fait la une des journaux. Un jeune homme de dix-sept ans atteint de leucémie refuse d'être transfusé en raison de son appartenance aux Témoins de Jéhovah.

Vous connaissez mon admiration pour Ian McEwan, auteur avec lequel j'aime jouer et qui aime piéger ses personnages et ses lecteurs.

En ouverture de ce roman, un extrait du Children Act, rappelant que "l'intérêt de l'enfant" prime sur tout dans les décisions de justice. Mais quelles sont les frontières de cette institution ? Comme souvent avec l'auteur, la réponse est froidement livrée à la fin du roman. Fiona est une pure héroïne de McEwan. Elle réalise les chaînes qui la retiennent aussi bien dans sa vie intime (où, pour une femme, faire pitié [signifie] en quelque sorte votre mort sociale, comme au XIXe siècle) que dans son métier. Assez âgée, elle appartient à une institution vieillissante, qui délaisse le contact humain pour "plus de cases à cocher, de rapports à croire sur parole". Qui doit remplir des quotas de condamnation pour viol et qui s'appuie de plus en plus sur des jurés qui s'informent sur internet.

Sa rencontre avec Adam est révélatrice de la difficulté de son métier de juge pour enfants. Cette affaire surmédiatisée concerne un adolescent auquel il ne manque que trois petits mois pour être un adulte. Sa foi lui interdit de recevoir le sang d'un autre, et la maturité du patient semble indéniable. Ici, le jugement de Fiona ne concerne pas ce qu'elle-même pense des Témoins de Jéhovah, elle doit se limiter à décider s'il faut respecter sa décision ou lui sauver la vie.
Or, ces limitations sont incompréhensibles pour un tout jeune homme en manque de repères et qui commence à percevoir la réalité de la vie, celle où les croyants les plus déterminés attendent simplement qu'on prenne les décisions à leur place, celle où ceux qu'on a cru voir comme des alliés, presque des amis, ne vous considèrent que comme un travail accompli.

Dans sa construction et dans son style, je trouve ce livre à rapprocher notamment de Sur la plage de Chesil. Le narrateur est extérieur, les faits sont exposés sans parti pris de l'auteur. Pourtant, cette sobriété dans L'intérêt de l'enfant m'a beaucoup trop laissée en dehors de l'histoire, et l'absurdité de ce qui se produit m'est apparue de façon beaucoup moins éclatante que d'habitude. D'ordinaire, on ressort d'un McEwan complètement bouleversé pour le personnage. Ici, Fiona est choquée, mais j'ai du mal à voir sa vie ne pas reprendre son cours normal assez rapidement. D'autant plus que sa solitude apparaît de façon bien moins éclatante que d'ordinaire.

Ian McEwan avait un sujet délicat à traiter. S'agissant d'enfants et de religion, il ne fallait surtout pas tomber dans le pathos. A l'inverse, il s'est peut-être trop retenu.

Lewerentz est dithyrambique. Un autre avis très intéressant ici.

Gallimard. 231 pages.
Traduit par France Camus-Pichon.
2014 pour l'édition originale.

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