Lettre à mon ravisseur - Lucy Christopher
"Avant toi, j'adorais le chocolat, maintenant, l'odeur seule me soulève le coeur."
Gemma, une jeune lycéenne, est kidnappée à l'aéroport de Bangkok. Son ravisseur s'appelle Ty. Il est australien, et c'est au coeur du bush qu'il l'emmène, à l'écart de toute trace humaine. Gemma nous raconte son histoire à travers une lettre adressée à celui qui l'a enlevée.
Je n'aime pas les histoires glauques, mais ce livre a été encensé par la plupart de ses lecteurs, ce qui a attiré mon attention. En fin de compte, j'ai presque eu un coup de coeur pour ce roman.
La kidnapping est un sujet difficile, surtout en littérature jeunesse. Pourtant, Lucy Christopher le traite admirablement bien. Ty est obsédé par Gemma, son caractère est instable, mais il ne lui fait subir aucune violence sexuelle. D'abord terrorisée, l'adolescente parvient à établir des règles avec son ravisseur, tente de prendre le dessus, de s'enfuir, et de savoir qui est ce jeune homme qui l'a enlevée après l'avoir suivie durant des années. Tout comme elle, le lecteur finit par développer le Syndrôme de Stockholm. Ce que fait Ty est condamnable, et comme dans tout roman jeunesse, le méchant est puni à la fin, mais il apparaît surtout comme un gamin pitoyable, seul et désabusé. Des rêves plein la tête au début du livre, j'ai vraiment eu de la peine pour lui lorsque la réalité le rattrape (bien que ce soit inévitable).
En face de lui, on découvre une jeune fille pas forcément bien dans sa peau au début de l'histoire. Ses meilleurs amis sortent ensemble, ses parents ne lui montrent pas assez leur affection, et son camarade Josh a eu une attittude très déplacée à son encontre. Sa captivité, puis les moments qui suivent sa libération, lui permettent de mettre sa vie à plat, de s'affirmer et de grandir, donnant un côté roman d'apprentissage à ce livre. Dans sa conclusion, Gemma s'est transformée en jeune fille mature et généreuse, avec beaucoup de clairvoyance. J'ai bien conscience que c'est une vision très idéalisée du kidnapping, mais je pense que cela s'explique par le fait que ce l'enlèvement et la captivité de Gemma sont surtout des prétextes pour évoquer le passage à l'âge adulte.
Enfin, ce qui m'a le plus plu dans ce livre, c'est la découverte du bush australien. Difficile de résister à ces évocations de terre rouge, de plantes en forme de porc-épic, ou encore de chamelle affectueuse, même si ça grouille de serpents et de scorpions. Certains passages comme le tableau vivant du Bush sont absolument magnifiques, et font presque oublier le caractère dramatique de la situation.
"Il est difficile de haïr quelqu'un une fois qu'on l'a compris."
Au final, un livre traitant un sujet grave avec originalité et délicatesse.