"Longtemps je me suis demandé si je devais me coucher de bonne heure"
En début d'année, j'ai découvert Malika Ferdjoukh en fanfare avec l'excellentissime Quatre soeurs. Les échos que j'avais eu de ce nouveau livre de l'auteur étaient assez tièdes, et j'avoue que la couverture rose et le résumé m'inquiétaient un peu. En fait, il ne m'a fallu que quelques pages pour que je comprenne que j'allais de nouveau passer un merveilleux moment.
Willa Ayre a seize ans, et comme toutes les adolescentes, elle se trouve banale, ennuyeuse et pas très jolie. Pourtant, Iago, le frère de Fran, sa meilleure amie, qui fait craquer toutes les filles, est fou d'elle depuis quelques mois. Le soir de l'anniversaire de Fran, dans l'hôtel particulier de la famille, Iago est distant. Willa fait alors la connaissance d'un jeune homme étrange passionné de films d'horreur, Edern Fils-Alberne, qui lui propose de l'engager pour jouer de la musique avec sa petite soeur, Marni, qui aime autant la musique que Willa.
C'est ainsi que la jeune fille découvre la demeure des Fils-Alberne, Fausse Malice, qui abrite les enfants de la famille et leurs deux domestiques depuis la mort des parents dans des circonstances tragiques.
Dans le même temps, Willa voit sa vie chamboullée par des tentatives d'assassinat répétées à son encontre.
Si je vous dis que ce livre est un roman presque policier, à la fois intelligent, drôle et émouvant, je sens que le rose et le mot "amour" de la couverture vont continuer à clignoter devant vos yeux. Vous avez terriblement tort. Bien sûr, il est question d'amour dans ce livre, et l'on a la classique jeune fille discrète qui fait tomber tous les sexy men. Pourtant, dès les premières pages, on savoure surtout l'humour de Malika Ferdjoukh, et les innombrables références littéraires et cinématographiques qui parsèment le livre.
On retrouve aussi pas mal de choses qui faisaient déjà le charme de Quatre soeurs. La vieille maison un peu branlante et hantée (même si les moyens financiers des Fils-Alberne sont très différents de ceux des Verdelaine), les objets curieux, les animaux, les noms à coucher dehors (surtout chez les garçons). On a même une apparition de Valéry Clotilde, le policier qui faisait craquer Charlie.
Les parents de Willa ne sont pas en reste, entre le père aux multiples conquêtes et la mère qui s'occupe des élections de miss à travers tout le pays, métier beaucoup plus dangereux qu'on pourrait le croire...
Au niveau des garçons, même si Iago est plus appétissant au premier abord, j'ai adoré la description d'Edern par Fran :
"Quand on était petits, c'était lui le plus sympa de nous tous. Il relâchait les mouches qu'on attrapait. Il pleurait aux enterrements de lézards et de mites."
Et puis, une fille qui laisse l'amour de sa vie prendre un peu d'avance, parce qu'elle a absolument besoin de s'acheter une crêpe au sucre et à la neige, moi je trouve ça irrésistible.
Alors, oui, l'enquête est un peu cousue de gros fils blancs, mais elle contient des moments que j'ai beaucoup appréciés (les peurs nocturnes de Marni m'ont retournée quand j'ai tout compris). Et la dernière révélation m'a vraiment surprise.
Je ne mettrais pas tout à fait ce livre au niveau de ma précédente lecture de l'auteur, mais j'ai lu ce livre d'une seule traite, et je me suis régalée à chaque page. C'est un coup de coeur.
Stephie, Cathulu et Clarabel ont aussi été conquise par ce livre doudou.
Flammarion. 401 pages.
2011.