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lilly et ses livres
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28 octobre 2008

Far from the madding crowd ; Thomas Hardy

1853260673_1_Wordsworth Classics ; 362 pages.
V.F. : Loin de la foule déchaînée. 1874.

Je disais il y a quelques jours que j'avais de Dickens l'image d'un auteur déprimant. C'est encore pire en ce qui concerne Thomas Hardy. Sauf qu'ici, j'ai quelques raisons de nourrir des préjugés contre cette auteur. Je connais vaguement les trames de Tess d'Uberville et de Jude l'Obscur, donc je sais que ça va très très mal pour les personnages.
Cela dit, ce n'est pas du tout la raison pour laquelle j'ai mis un peu de temps à achever ma lecture de Far from the madding crowd.

Ce n'est pas un livre très rigolo certes, mais en fait j'ai seulement eu un blocage avec les premières dizaines de pages. Bethsheba Everdene est une jeune femme née pour tourmenter bien des hommes, comme l'annonce son seul prénom. Le premier d'entre eux est le fermier Gabriel Oak, qui voit sa demande en mariage repoussée peu avant de perdre la totalité de ses brebis. Ruiné, il se retrouve par une ironie du sort au service de Miss Everdene, qui vient d'hériter des propriétés de son oncle. Le second est William Bolwood, un autre fermier qui, suite à un concours de circonstances, devient dangereusement passionné à l'égard de Bethsheba. Le dernier sera le sergent Troy, déjà fiancé à une jeune fille de basse extraction.

Dans ce roman, Thomas Hardy nous présente les différents types d'amour, en créant des personnages qui vivent tous différemment leur découverte de ce sentiment. Comme aucun n'est sur la même longueur d'ondes que les autres, ils s'entrechoquent et se brisent dès lors qu'ils entrent en contact. Pour certains, ce sera fatal. La mort de celle qui était trop naïve, trop dévouée, est bouleversante. Aucun personnage, à part Gabriel Oak, ne parvient à maîtriser ses émotions, et c'est ce qui rend un personnage comme le sergent Troy touchant. J'ai trouvé le passage où les fleurs plantées sur la tombe de celle qu'il a aimée sont éparpillées par le mauvais temps très beau et très triste. Oui, parce que si je savais que Far from the madding crowd n'était pas aussi plombant que d'autres livres de Thomas Hardy, la tragédie est tout de même là.
Au-delà des intrigues amoureuses, il est aussi question de la place de la femme dans la petite société rurale d'un Wessex imaginaire. Bethsheba sait ce qu'elle veut quand il ne s'agit pas d'amour. Elle n'est pas mariée durant la plus grande partie du roman, et est parfaitement déterminée à jouer son rôle de petite propriétaire terrienne, et à s'impliquer dans ses affaires. Les hommes qui travaillent pour elle sont davantage paternalistes que tentés d'exprimer un quelconque mécontentement, mais on sent très vite qu'elle a conscience de devoir démontrer que c'est elle qui commande. A plusieurs reprises d'ailleurs, elle réfléchit au genre de femme qu'elle est et à celui qu'elle ne veut pas être.
Il m'a fallu une quarantaine de pages avant de m'installer dans cette histoire. Je crois que je n'avais jamais lu un roman de cette époque qui adopte le point de vue de personnages ruraux qui n'ont pas une grande place sur l'échelle sociale anglaise de la fin du XIXe siècle, et cela m'a un peu surprise. Mais on s'habitue vite à leurs manières et à leur façon de parler. Il n'est pas toujours facile de s'identifier aux personnages, mais je crois que ce roman est de ceux qui marquent. Si vous avez des titres de cet auteur qui ne risquent pas trop de me faire sombrer dans la dépression à me conseiller, je suis preneuse !

 

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Commentaires
L
marco : je les ai utilisés pour qualifier ce que je sais de l'œuvre de Hardy en général, qui contraste avec ce roman. Mais je sais que ce livre est l'un des rares de Thomas Hardy a être aussi optimiste. Je ne pourrais malheureusement pas argumenter davantage, ma lecture remonte à plusieurs années.
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M
Je ne comprends pas les qualificatifs "plombant", "déprimant", "lent". Ce roman s'achève sur un rarissime happy ending: Boldwood grâcié, Oak et Batsheba qui se marient enfin! C'est un véritable conte de fée rural. Même la mort de Troy est belle — émouvante, triste, oui, mais il se retrouve pour l'éternité au côté de Fanny! Et tout le récit est agrémenté de rebondissements, de scènes remarquables, cocasses, visuelles (la tempête, la séduction par l'épée…), et surtout d'un regard décalé (l'auteur est un narrateur très présent, une sorte "d'œil" extérieur), bourré d'humour (le sent-on dans la traduction française?)
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L
Je n'ai pas lu tout tout ton article (que j'avais déjà lu sans doute je pense) mais déjà tout ce que j'ai pu lire à l'instant me donne une folle envie de découvrir ce roman !! Hardy me faisait un peu peur (tristesse...) mais mes lectures de ses nouvelles m'encouragent !
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A
Voilà mon billet concernant Tess est en ligne avec des extraits de film. Tu peux jeter un œil ;-)
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L
Yueyin : celui-ci n'est pas vraiment plombant. En plus, il est très beau. Je t'assure qu'il en vaut la peine.
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