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lilly et ses livres
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20 juin 2007

La châtelaine de Mallaig ; Diane Lacombe

51J2PANg57LVLB Editeurs ; 500 pages.
32 euros.

" Écosse, 1424. Gunelle Keith, dix-neuf ans, fille d’un commerçant prospère d’Aberdeen (Lowlands), est donnée en mariage à Iain MacNèil, de Mallaig (Highlands), un mariage qui sert avant tout les intérêts économiques des deux clans. Cultivée et instruite, Gunelle est précipitée dans l’univers sauvage de Mallaig où elle se sent désarmée. En une année, elle fera l’apprentissage d’une nouvelle langue, combattra l’indignité d’un époux qui la rejette, subira la guerre entre les clans. Femme de devoir, parviendra-t-elle à imposer ses valeurs à sa belle-famille, à gagner son estime et, enfin, à apprivoiser et à civiliser son époux ?

D’une lecture captivante, La Châtelaine de Mallaig foisonne de personnages forts et attachants que Diane Lacombe a su camper avec talent. L’aventure humaine palpitante qu’elle nous propose se double d’un voyage dans l’Écosse médiévale et dans la culture des Highlands. "

En ce moment, je lis pas mal de livres qui se passent en Ecosse grâce aux auteurs québecoises. En fait, c'est un commentaire sur le blog d'Allie qui m'a rappelé que j'avais ce livre sur ma PAL. Sa couverture me plaît énormément, et le livre ne m'a pas déçue.

Je vous préviens tout de suite, il ya pas mal de guimauve dans ce livre,  même si on n'atteint pas les sommets de La vallée des larmes (que j'ai beaucoup aimé par ailleurs). Difficile en effet de ne pas faire le lien en lisant ce livre. Certes, l'histoire se déroule bien avant, mais il y a deux amoureux qui apprennent à laisser tomber leur carapace, une rivale coriace... J'ai également souris quand j'ai réalisé que les ennemis des MacNeil sont les MacDonald.

Malgré ces clichés, j'ai trouvé que Diane Lacombe ne tombait pas dans la facilité en nous livrant des personnages caricaturaux sans aucune consistance. Gunelle et Iain sont des personnages de leur époque, marqués par des cultures totalement opposées. Ils sont implantés dans un contexte historique qu'ils nous font vivre par le biais de leur personnalité, mais aussi de leur histoire. Les luttes de clans, l'incompréhension entre les Highlanders et les Lawlanders, la rudesse de la vie, le rôle des femmes sont évoqués dans ce roman. Gunelle n'est pas seulement une potiche destinée à faire les yeux doux à son mari qui la déteste, c'est un pilier de l'histoire, elle symbolise des valeurs et un mode de vie bien précis.
Les autres personnages sont très intéressants pour la plupart. Les nourrices, le révérend, les chevaliers nous permettent de nous glisser dans le château de Mallaig et de suivre ses intrigues avec beaucoup de plaisir.

Au niveau de l'écriture, si le style n'a rien d'extraordinaire, il crée une atmosphère qui permet de bien s'imaginer le monde que nous décrit Diane Lacombe. J'ai apprécié aussi la double narration. Celle de Gunelle, qui nous rapproche du personnage, nous fait l'aimer, et celle de l'auteur, qui nous permet de prendre du recul et de nous pencher sur les autres personnages. 

Seul bémol, la fin. Je l'ai trouvée un peu longue, et Diane Lacombe démêle son intrigue avec des ficelles un peu énormes. C'est également dans les cent dernières pages que se trouvent des passages franchement nunuches, et inutiles à l'histoire.
Mais l'ensemble m'a vraiment captivée, je l'ai lu d'une traite.

A noter que ce roman fait partie d'une trilogie, dont j'espère lire prochainement le second opus (et dont la couverture est magnifique^^).

L'avis de Beloved/La liseuse

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19 juin 2007

Agnès Grey ; Anne Brontë

31M4HGZ6NWL

Éditions Gallimard ; 298 pages.
8 euros.

L'histoire :

Agnès Grey est la fille d'un pasteur de campagne ruiné. Afin de soulager un peu ses parents, elle décide de s'engager comme gouvernante auprès de deux familles successives, auprès desquelles elle apprendra la réalité de la vie, puis l'amour.

Mon avis :

Ces derniers temps, j'ai envie de me replonger dans l'univers des soeurs Brontë, dont je ne connais pas grand chose, même si l'une d'entre elles a écrit mon roman préféré. J'ai donc choisi ce titre, qui m'a fait découvrir le talent de la dernière des soeurs Brontë.

Il est évident qu'à côté des oeuvre de Charlotte et Emily, Agnès Grey est tout sauf flamboyant. Mais cela s'explique aussi par le fait que le genre n'est pas vraiment le même. Alors que les romans de ses soeurs sont des chefs d'oeuvre où l'ambiance gothique est présente à chaque page, et où les sentiments des personnages et du lecteur sont mis à dure épreuve, Anne Brontë nous livre un roman beaucoup plus sage à première vue. D'ailleurs, il semblerait que ce ne soit pas vraiment un roman, mais plutôt une autobiographie un peu remaniée. Anne Brontë a elle même été gouvernante, et a aimé un jeune vicaire (même si ça s'est mal fini...).
La narration de ce livre m'a un peu rappelé celle de Jane Eyre, peut-être parce qu'étant soeurs, Charlotte et Anne employaient un langage assez similaire. De plus, Agnès Grey est une gouvernante, qui comme Jane Eyre, raconte son histoire.
Ce roman n'est pas une histoire pleine de rebondissements, avec des fantômes qui tapent aux fenêtres, ou des épouses enfermées dans une aile secrète. Pourtant, je me suis passionnée pour le récit de cette jeune femme intelligente bien que inexpérimentée qu'est Agnès Grey.
A nous, elle explique le métier de gouvernante, qui peut sembler respectable, mais qui est toutefois méprisé par les personnes qui ont les moyens de s'en offrir une. Anne Brontë appuie également sur le paradoxe qui existe entre une société fondée sur la religion et la morale, et le comportement frivole et cruel de ceux qui en ont tiré leur parti. 
J'ai été révoltée par l'attitude stupide des Bloomfield puis des Murray à l'égard de Miss Grey. Étrangement, la patience angélique de Miss Grey ne m'a pas exaspérée. Ses malheurs, ses doutes à propos de Mr Weston, dont elle tombe amoureuse me l'ont rendue très sympathique, et je n'ai pas eu de mal à me mettre à sa place. La voir trouver le bonheur m'a donc fait très plaisir.

Ce livre très court m'a complètement charmée. Malgré ses allures austères, Anne Brontë y a mis un regard plein de bon sens sur la société dans laquelle elle a vécu.

516BF3HDZPLA noter que je vous ai mis l'édition Gallimard parce qu'elle propose le roman seul, mais je ne saurais trop vous conseiller de vous offrir les oeuvres complètes des soeurs Brontë chez Bouquins.

18 juin 2007

Sonnet 116 ; William Shakespeare

Pour les amoureux de cette scène magnifique de l'adaptation du roman de Jane Austen...

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Raison et Sentiments ; Film de Ang Lee

Sonnet 116

Je ne veux à l'union de deux âmes sincères
Admettre empêchement. L'amour n'est point l'amour
S'il change en trouvant ailleurs le changement,
Ou s'éloigne en trouvant en l'autre l'éloignement.
Oh non ! il est un phare au regard immuable
Fixé sur la tempête et jamais ébranlé !
Pour tout navire errant il est l'astre qui guide,
Dont on prend la hauteur, mais ne sait l'influence.
L'amour n'est point le jouet du Temps, dont la faucille
Emporte en son croissanr les joues et lèvres roses ;
Il n'est pas altéré par les jours, les semaines,
Mais endure et survit jusqu'à la fin des temps.
Si ceci est une erreur, contre moi démontrée,
Nul n'a jamais aimé et je n'ai rien écrit.

William Shakespeare (traduction Robert Ellrodt)

11 juin 2007

Vacances...

turner_paysage2_1_Je vous laisse quelques jours, je pars me ressourcer un peu. Depuis quelques semaines, il y a moins d'activité sur ce blog. Je suis assez fatiguée par l'année qui vient de s'écouler, et je dois réfléchir à celle qui vient.
Moins de temps pour lire donc, et ce temps je le consacre en partie aux relectures. Mais je ne vous quitte pas, j'ai juste un peu besoin d'air.
Je voulais aussi dire au revoir à notre chère Cuné, dont on ne pourra plus lire les billets quotidiens et qui ne nous fera plus profiter de sa bonne humeur constante aussi souvent qu'on le voudrait.   

Voilà, je n'ai pas beaucoup d'inspiration aujourd'hui^^
Bonne semaine à tous !

J.M.W. Turner ; Paysage avec une rivière et une baie au loin

8 juin 2007

Le château de Hurle ; Diana Wynne-Jones

51D2T5WN1WLÉdition Pocket Jeunesse ; 406 pages.
6,70 euros.

" Aînée de trois filles, Sophie vit dans le royaume d’Ingary, un univers où la magie fait partie du quotidien. Forcée de rentrer dans la vie active à la mort de son père, elle se croit condamnée à mener une existence insipide lorsque l’étrange château du magicien Hurle apparaît dans le paysage. Futur dessin animé du japonais Miyazaki, l’auteur de Princesse Mononoké, Le Château de Hurle est à inscrire dans la lignée de Harry Potter : beaucoup d’humour et de suspense, un peu de romance, beaucoup de magie et une vraie qualité d’écriture. "

Beaucoup d'entre nous doivent connaître cette histoire, même sans le savoir. En effet, il s'agit du roman dont Hayao Miyazaki a tiré le film, Le château ambulant. Il n'est pas évident de détacher les deux supports, d'autant plus que j'ai fait cette lecture en étant complètement imprégnée par le film.

Mais même en connaissant le film par coeur, il est intéressant de lire ce livre, parce qu'il est très différent de l'adaptation de Miyazaki.
Naturellement, on en apprend plus sur les personnages, et on comprend mieux certains points qui ne sont que brièvement mentionnés dans l'adaptation. Les personnages que l'on connaît déjà sont assez différents du film. Sophie a beaucoup plus mauvais caractère, est un peu sorcière aussi. Hurle est parfois exaspérant, et ses faiblesses sont beaucoup plus appuyées que dans le roman.
Ce sont aussi de nouveaux personnages qui apparaissent, de nouveaux lieux, et donc une intrigue nouvelle.   
Et alors que les choses sont claires très rapidement dans le film, elles sont davantage voilées dans le livre. La relation entre Sophie et Hurle est assez difficile à suivre, car Hurle en sait beaucoup plus que ce qu'il ne le laisse penser. Quant à Sophie, elle passe son temps à dire du mal du magicien.

En fait, plus on avance dans le livre, plus on perd de vue les repères que l'adaptation nous avait donnés. C'est un peu déstabilisant, et c'est un peu pour cela que je n'aime pas trop lire les livres après avoir vu leur adaptation. Toutefois, l'histoire que nous raconte Diana Wynne Jones est vraiment amusante, et c'est avec beaucoup de plaisir que je l'ai suivie.

L'avis de Virginie.

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5 juin 2007

Méditations...

ophelia6_1_Depuis quelques temps, certains de mes billets me contrarient un peu. En fait, je rédige mes "critiques" tout de suite après ma lecture. Si certaines ne sont mises en ligne que quelques jours plus tard, j'essaie toujours de les écrire "à chaud", afin de retenir toutes les remarques que j'ai pu me faire au cours de ma lecture.
En de très rares cas (3 je crois), quelques jours après, mon avis ne correspond plus tout à fait voire plus du tout à ce que j'ai écrit. Jusque là, il ne s'agissait que de livres dont j'avais dit du bien.
Autre problème, et cela concerne les billets où j'ai émis quelques réserves, j'ai parfois le sentiment de m'être mal exprimée, d'avoir été trop virulente.

Je me pose des questions. D'un côté, mon ressenti est très personnel, d'autres ne pardonneront peut-être pas ce que je reproche de plus en plus faiblement à certains livres. Du coup, refaire ma "critique" et écrire "Ce livre est magnifique" serait un peu trompeur.
Mais je me dis aussi que je ne suis pas là pour répondre à la question " Est-ce un bon livre ? ", mais pour vous dire si tel ou tel livre a bouleversé ou non ma petite personne. 
Je me demande aussi si je ne devrais pas attendre un peu avant de poster mes avis, si c'est normal que mon avis évolue, s'il n'y aurait pas d'une certaine façon un manque de sincérité de ma part, et pourquoi je manquerais de sincérité.

Je sais, je me pose beaucoup de questions, mais j'avais envie d'en parler, de savoir si je suis la seule à avoir ce genre de problèmes (et accessoirement si je me prends trop la tête^^).

(Peinture : La mort d'Ophélie, J. W. Waterhouse)

4 juin 2007

La vallée des larmes Tome 1 ; Sonia Marmen

511nMH8OP6LÉdition J'ai Lu ; 701 pages.
8,40 euros.

Lettre "M" Challenge ABC 2007 :

" "Il se dégageait de cet homme une force tranquille, mais, en même temps, une rage contenue qu'une simple petite étincelle ferait exploser. Qui était-il vraiment ? [...] N'ayant plus rien à perdre, je lui avais aveuglément confié ma vie. Je ne le regrettais pas. "
À la fin du XVIIe siècle, en Écosse, la jeune Caitlin est domestique chez le terrible lord Dunning qui fait de sa vie un enfer. Ce soir-là, Caitlin le poignarde. Dans sa fuite, elle rencontre Liam Mcdonald, un Highlander qui était prisonnier au manoir. Leurs destins liés, ils regagnent le village de Liam dans les Highlands où Caitlin découvrira un peuple courageux et fascinant...
Dans cette contrée de légendes et de violence, au cœur d'une nature sauvage et belle, un grand roman d'amour et d'aventures. "


C'est chez Allie que j'ai découvert cette série de romans historiques. J'aime bien lire quelques romans de ce genre de temps en temps, et toutes les critiques étaient extrêmement positives. Je me suis donc fait offrir il y a quelques mois les deux premiers tomes, avec la ferme intention de me jeter dessus. Sauf que, les cinquante premières pages ne m'ont pas emballées. J'ai donc reposé ce livre, pour ne le ressortir que ce week-end. Cette fois, je l'ai dévoré, même s'il ne m'a pas complètement convaincue.

J'ai beaucoup aimé le fait de retourner en Ecosse après avoir lu L'appel du passé. Le gros point fort du livre est son côté historique (heureusement, c'est le plus important pour un livre qui se veut historique...). Outre le décor, Sonia Marmen nous raconte certains épisodes de l'histoire de l'Ecosse par le biais de dialogues entre ses personnages. Mais c'est surtout à travers la personnalité de Caitlin, de Liam, et des autres, que Sonia Marmen nous entraîne dans l'Ecosse de la fin du XVIIe, où l'on parle le gaëlique, où l'on croit aux fées et où les Highlanders tentent d'affirmer leur culture face à l'occupant anglais.

Cependant, j'ai trouvé que Sonia Marmen en faisait trop sur certains plans. Trop de "putain de merde", trop de "fils de pute". J'ignore si ces expressions étaient courantes ou pas en Ecosse à la fin du XVIIe. Je me doute bien que le registre soutenu ne devait pas être employé par tout le monde. Il n'empêche que la façon dont ces insultes parsèment le livre me donnaient davantage l'impression d'être dans une rue de Paris au XXIe siècle qu'au milieu des Highlands, sous Guillaume d'Orange.
Surtout, il y a trop de clichés. La jeune fille violée qui se fait sauver par un homme au regard irrésistible dont la femme et le fils son morts, qui en tombe amoureuse, mais qui craque aussi sur le petit frère, lequel a une fâcheuse tendance à apprécier les jeunes filles que ramène son frère... Et je ne vous parle pas de la belle Meghan qui aime Liam, mais qui a aussi couché avec C., et avec E., et puis I., dont le père n'est pas le père parce que la mère a eu une liaison avec le père de Truc et Bidule...
J'avoue que je vous présente les choses de manière un peu grossière, et je mentirais en disant que ces histoires abracadabrantesques ne m'ont pas touchée. Ces personnages qui font ce livre, je les ai aimés, je me suis inquiétée pour eux, j'ai souffert avec eux. Ces nombreux drames qui ponctuent l'histoire, et qui me semblent un peu énormes, ont aussi pour but, à mon avis, de montrer la fragilité des choses aquises. De plus, les romans historiques contiennent souvent beaucoup de guimauve (et mon côté fleur bleue n'y est pas insensible...).

Toutefois, je ne suis pas aussi enthousiaste que les critiques que j'ai lues ici et là, et qui étaient toutes excellentes. Et j'ai beau avoir le Tome 2, je pense que j'attendrais un peu avant de le lire.

1 juin 2007

L'appel du passé ; Elizabeth Goudge

166511_0Édition Le Livre de Poche ; 379 pages.

Lettre "G" Challenge ABC 2007 :

" Judy Cameron s'apprête à passer comme de coutume l'été au bord de la mer avec ses parents et son fiancé Charles quand une peinture représentant un paysage d'Ecosse la captive au point qu'elle décide aussitôt de s'y rendre pour peu qu'elle découvre une maison dans un site semblable à celui du tableau.
Contrairement aux prédictions - et à l'espoir - des siens, l'annonce qu'elle met dans les journaux lui attire une réponse. Voilà pourquoi, malgré un temps abominable, Judy arrive dans la vallée solitaire des Highlands où est située Glen Suilag, la demeure de Ian Macdonald louée par les Cameron.
Dès l'abord, Judy se sent en proie à l'étrange impression d'être en pays familier, auprès de gens connus. Où aurait-elle rencontré Ian et son maître d'hôtel, le vieil Angus ? La raison lui dit : nulle part, mais elle n'en continue pas moins à éprouver une sensation curieuse qui va s'accentuant. La maison est-elle hantée et ses hôtes invisibles font-ils pression sur elle ? Non, il s'agit d'autre chose et Judy qui le devine s'attache avec patience, avec passion, à découvrir le secret de Glen Suilag. Aventure du coeur et de l'esprit qui nous mène des temps modernes à l'époque des Stuart dans le climat poétique particulier à Elizabeth Goudge. "

Même si je connais très peu Elizabeth Goudge, je saute depuis quelques temps sur tous les romans d'elle que je trouve. Maintenant que j'ai terminé L'appel du passé, je m'en félicite.

Alors, oui, on peut trouver certains passages un peu nunuches dans ce livre. Il n'empêche que cette histoire se tient très bien, et même davantage. Elle nous prend aux tripes et nous embarque complètement. Car ce roman nous raconte bien plus qu'une magnifique histoire d'amour.

L'ambiance créée par Elizabeth Goudge est vraiment particulière. D'un côté, elle est lourde, inquiétante, douloureuse même parfois. Les descriptions de la vallée isolée des MacDonald, du vent que l'on entend souffler dans la maison, du grand lit, ou encore de la "fenêtre du milieu", nous font ressentir la peur et la détresse mêlées d'exaltation de Judy Cameron.
Mais cette atmosphère pesante, presque gothique, est rendue plus légère, plus romantique, grâce à l'écriture douce et poétique d'Elizabeth Goudge. L'auteur utilise également certains des éléments qui lui servent à susciter l'anxiété de son lecteur pour créer une impression de lieu idéal et de bonheur possible.  De ce fait, on croirait presque, par moments, que l'on se trouve dans un lieu enchanté, et l'on comprend l'attirance de Judy pour cet endroit.

Page 77 : " Comme cette vallée était aimable avec ses petites fermes, ses cottages blancs. On eût dit un paysage enchanté, si loin de tout et si caché que seuls ceux qui l'aimaient pouvaient le découvrir. Elle comprit ce que Ian avait voulu dire quand il avait parlé de créer de la beauté dans la solitude. La beauté, à coup sûr, serait en sécurité dans un lieu aussi secret ; le rempart des montagnes protègerait l'Utopie contre la Foire aux Vanités. "

Le romantisme passe également par l'amour, qui (re)naît entre Ian McDonald et Judy Cameron. Cette dernière est une jeune fille qui voit toutes ses certitudes d'enfant du grand monde s'ébranler à la vue d'un tableau. Ses initiatives nécessitent un égoïsme de sa part qui m'a un peu agacée au tout début, mais que l'on comprend rapidement. Son amour pour Ian, ses réflexions, la rendent peu à peu très attachante, et c'est tout naturellement que l'on se glisse dans sa peau.
Quant à Ian, jeune écossais à la fois rude et rêveur, il devient vite évident qu'il est lié à Judy par une histoire douloureuse. C'est ici qu'apparaît le thème central du livre, dont je ne peux pas vous dévoiler le nom, mais qui est une réflexion sur la vie, la mort et leur signification.

Page 377 : " Un homme qui vit est comme un homme qui écrit un livre. Il peut s'arrêter  après quelques chapitres, mais il revient à son travail, encore et encore, jusqu'à ce que le livre soit achevé. "

L'amour entre Ian et Judy ne peut alors se construire qu'en surmontant le passé, en l'intégrant même, et là est un autre intérêt de ce livre. Il nous fait en effet remonter dans le temps, en 1745. Avec Judy, nous découvrons un petit bout de l'histoire de l'Ecosse. Nous voyageons également avec Ian, dans les îles, lieux si chers à Elizabeth Goudge, dont la proximité semble être nécessaire à la compréhension de la vie.

J'ai lu les deux cents dernières pages à toute allure, complètement passionnée par cette histoire, qui aurait pu être simplement banale. Mais Elizabeth Goudge sait jouer avec les mots et avec son lecteur, ce qui fait de cette lecture un véritable délice.


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