Édition Le Livre de Poche ; 379 pages.
Lettre "G" Challenge ABC 2007 :
" Judy Cameron s'apprête à passer comme de coutume l'été au bord de la mer avec ses parents et son fiancé Charles quand une peinture représentant un paysage d'Ecosse la captive au point qu'elle décide aussitôt de s'y rendre pour peu qu'elle découvre une maison dans un site semblable à celui du tableau.
Contrairement aux prédictions - et à l'espoir - des siens, l'annonce qu'elle met dans les journaux lui attire une réponse. Voilà pourquoi, malgré un temps abominable, Judy arrive dans la vallée solitaire des Highlands où est située Glen Suilag, la demeure de Ian Macdonald louée par les Cameron.
Dès l'abord, Judy se sent en proie à l'étrange impression d'être en pays familier, auprès de gens connus. Où aurait-elle rencontré Ian et son maître d'hôtel, le vieil Angus ? La raison lui dit : nulle part, mais elle n'en continue pas moins à éprouver une sensation curieuse qui va s'accentuant. La maison est-elle hantée et ses hôtes invisibles font-ils pression sur elle ? Non, il s'agit d'autre chose et Judy qui le devine s'attache avec patience, avec passion, à découvrir le secret de Glen Suilag. Aventure du coeur et de l'esprit qui nous mène des temps modernes à l'époque des Stuart dans le climat poétique particulier à Elizabeth Goudge. "
Même si je connais très peu Elizabeth Goudge, je saute depuis quelques temps sur tous les romans d'elle que je trouve. Maintenant que j'ai terminé L'appel du passé, je m'en félicite.
Alors, oui, on peut trouver certains passages un peu nunuches dans ce livre. Il n'empêche que cette histoire se tient très bien, et même davantage. Elle nous prend aux tripes et nous embarque complètement. Car ce roman nous raconte bien plus qu'une magnifique histoire d'amour.
L'ambiance créée par Elizabeth Goudge est vraiment particulière. D'un côté, elle est lourde, inquiétante, douloureuse même parfois. Les descriptions de la vallée isolée des MacDonald, du vent que l'on entend souffler dans la maison, du grand lit, ou encore de la "fenêtre du milieu", nous font ressentir la peur et la détresse mêlées d'exaltation de Judy Cameron.
Mais cette atmosphère pesante, presque gothique, est rendue plus légère, plus romantique, grâce à l'écriture douce et poétique d'Elizabeth Goudge. L'auteur utilise également certains des éléments qui lui servent à susciter l'anxiété de son lecteur pour créer une impression de lieu idéal et de bonheur possible. De ce fait, on croirait presque, par moments, que l'on se trouve dans un lieu enchanté, et l'on comprend l'attirance de Judy pour cet endroit.
Page 77 : " Comme cette vallée était aimable avec ses petites fermes, ses cottages blancs. On eût dit un paysage enchanté, si loin de tout et si caché que seuls ceux qui l'aimaient pouvaient le découvrir. Elle comprit ce que Ian avait voulu dire quand il avait parlé de créer de la beauté dans la solitude. La beauté, à coup sûr, serait en sécurité dans un lieu aussi secret ; le rempart des montagnes protègerait l'Utopie contre la Foire aux Vanités. "
Le romantisme passe également par l'amour, qui (re)naît entre Ian McDonald et Judy Cameron. Cette dernière est une jeune fille qui voit toutes ses certitudes d'enfant du grand monde s'ébranler à la vue d'un tableau. Ses initiatives nécessitent un égoïsme de sa part qui m'a un peu agacée au tout début, mais que l'on comprend rapidement. Son amour pour Ian, ses réflexions, la rendent peu à peu très attachante, et c'est tout naturellement que l'on se glisse dans sa peau.
Quant à Ian, jeune écossais à la fois rude et rêveur, il devient vite évident qu'il est lié à Judy par une histoire douloureuse. C'est ici qu'apparaît le thème central du livre, dont je ne peux pas vous dévoiler le nom, mais qui est une réflexion sur la vie, la mort et leur signification.
Page 377 : " Un homme qui vit est comme un homme qui écrit un livre. Il peut s'arrêter après quelques chapitres, mais il revient à son travail, encore et encore, jusqu'à ce que le livre soit achevé. "
L'amour entre Ian et Judy ne peut alors se construire qu'en surmontant le passé, en l'intégrant même, et là est un autre intérêt de ce livre. Il nous fait en effet remonter dans le temps, en 1745. Avec Judy, nous découvrons un petit bout de l'histoire de l'Ecosse. Nous voyageons également avec Ian, dans les îles, lieux si chers à Elizabeth Goudge, dont la proximité semble être nécessaire à la compréhension de la vie.
J'ai lu les deux cents dernières pages à toute allure, complètement passionnée par cette histoire, qui aurait pu être simplement banale. Mais Elizabeth Goudge sait jouer avec les mots et avec son lecteur, ce qui fait de cette lecture un véritable délice.
J'ai fait la chasse sur internet pour retrouver tous ses livres, j'y suis quasimment arrivé.
Pourquoi dire que c'est "nunuche", je ne suis pas d'accord, pourquoi avoir honte de ce qui est beau, bien écrit, qui nous permet de nous envoler. A noter que l'auteur de Harry Potter l'ayant cité une fois en disant que le plus beau livre qu'elle ait lu étant enfant était "Le petit cheval blanc" on a vu ce livre être ré édité.
Quelques livres d'elle entre autres à lire :
** La sorcière blanche ** (je vous remercie monsieur, vous m'avez fait un grand cadeau, car le don d'un livre, c'est le don d'une âme. les hommes mettent leur âme dans leurs livres. Quand un homme donne un livre à un autre, alors trois âmes sont liées ensemble, et forment cet extraordinaire mystère, une trinité. Quelle bénédiction, un don : c'était le nom ancien du Saint Esprit. Le Don. Je n'ai aucun moyen de vous remercier, monsieur, mais comptez sur mes pauvres prières. Francis, ému pris congé du recteur.°
*** La senteur de l'eau*** ( Marie ne put trouver le sommeil. Elle suivait des fils qui s'étendait de plus en plus loin dans le passé, ou dans l'avenir,et elle se demandait comment la petite toile de sa propre vie tremblait sur ces fils. En général on resait inconscient de leur existence, et pourtant ils formaient une ligne de sauvetage. Quelle merveille, cette tapisserie de l'unité humaine! C'était dans un endroit comme Les Lauriers qu'on pouvait la découvrir. Dans une grande cité, la multitude des fils mettait sur le métier une confusion tourbillonnante, mais ici le motif plus simple et le tissage plus lent rendait l'intention mieux discernable)
*****l'héritage de Monsieur Peabody****** (Ils n'auraient jamais capitulé de son vivant :les hommes sont tellement têtus! ils persistent dans leur opinion jusqu'à ce qu'un choc la leur fasse perdre. Il faut cela pour les faire changer d'idée. Croyez moi, pour ébranler la méchanceté des gens il n'est rien de tel que la mort d'un homme de bien. J'ai constaté ce fait maintes et maintes fois Il m'arrive même de penser que le peu que nous connaissons de la mort est qu'elle est créatrice)
et aussi
****l'ARCHE DANS LA TEMPETE*** un pur bijou
****l'AUBERGE DU PELERIN****
****LA SOEUR DES ANGES****
****LA COLLINE AUX GENTIANES*****
****LE JARDIN DE BELMARAY******
*****LA MAISON DES SOURCES****
****SORTILEGES ******
****LE JARDIN DE BELMARAY*****
****LE PAYS DU DAUPHIN VERT***
****LA VALLEE QUI CHANTE*****
****LA MARMITE AUX PIECES D'OR***
****LA MAISON ENFUMEE ****
****L 'ANGE DE NOEL*****
et d'autres et d'autres encore.
Oui Elizabeth Goudge était une grande dame de l'écriture. Grâce à elle on évolue dans la connaissance des caractères humains. Avec elle il y à toujours le côté positif qui est mis en exergue même si le mal est aussi représenté.
Et de plus Ô Magie, elle arrive même à nous emporter quand on la lit en français. Et là il faut remercier tous ses traducteurs qui ont su faire passer le message. A lire en anglais cela doit être "extra"...